Le pitch

Avec le lapin César et le vieux rat Azélar, Miss B doit convaincre les animaux de ne surtout pas céder à la violence pour mettre fin au règne de Silvio... Au château, la dictature continue. Grâce aux efforts de Miss B, les animaux se remobilisent avec peine pour faire renaître, en même temps que le printemps, le mouvement pacifiste des Marguerites.

Mais Silvio ne l'entend certainement pas de cette oreille, et le taureau dictateur en a sous le sabot pour conserver son pouvoir. Toujours aidé par sa cruelle milice canine, il décide de faire embastiller les animaux rebelles au donjon. Qu'à cela ne tienne : Miss B et ses amis répondront une nouvelle fois par la ruse... et la solidarité !

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Mon avis

Deux ans ! Il a fallu subir deux ans d'attente pour découvrir enfin les troisième et avant-dernier volume de la série Le château des animaux !

C'est à ce degré de frustration, important, que j'ai pu mesurer à quel point j'étais devenu addict au petit bijou créé par Xavier Dorison (au scénario) et Félix Delep (aux illustrations).

Pour bien comprendre tout l'intérêt de cette saga étonnante, déclinaison habile (mais finalement assez éloignée) de La ferme des animaux, de Georges Orwell, n'hésitez pas à lire mes critiques de Miss Bengalore (T1) et de Les marguerites de l'hiver (T2).

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Je vous rassure tout de suite : le troisième volet est, probablement, le plus réussi de la série, grâce à la qualité du scénario de Xavier Dorison qui, peu à peu, plonge l'histoire dans une analyse politique très fine, d'une grande subtilité.

La nuit des justes est, certainement, un des meilleurs bouquins sur le fonctionnement des dictatures que j'ai eu l'occasion de lire ces dernières années.

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Tout au long des 60 planches (splendides) de l'album, Dorison traite, sous tous les angles possibles, la relation complexe qui peut exister entre une dictature oligarchique et un peuple opprimé.

Tous les jours, dans l'actualité (et particulièrement en 2022, avec les exemples de la Russie et de la Chine), on peut décrypter cette relation, mélange de peur, de violence, de manipulations psychologiques.

Comment un peuple peut-il se laisser asservir, jusqu'à la mort, sans se révolter ? Préférer l'esclavage à la dignité, coûte que coûte ?

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Xavier Dorison tente aussi de répondre à cette question difficile : comment lutter contre l'oppression, sans s'abaisser au niveau de l'oppresseur, par la violence ?

Malgré un dessin sans recherche de réalisme, La nuit des justes intéressera - passionnera ! - sans doute plus les lecteurs adultes que les jeunes, tant le livre va loin dans la violence psychologique du scénario.

Mais il faut souligner la qualité incroyable du travail graphique de Félix Delep, qui gère parfaitement l'anthropomorphisme de l'histoire.

Chaque planche, chaque vignette est une merveille et je n'arrive toujours pas à croire que la série est sa première œuvre, tant le dessin de l'illustrateur (29 ans au compteur !) est mature.

Côté mise en couleurs, on retrouve avec la fin de l'hiver les couleurs chaudes qui manquaient un peu dans le second volume (quelle magnifique couverture !).

En refermant l'album, je me suis demandé s'il faudrait attendre encore deux ans pour découvrir la conclusion de cette série, sans doute la meilleur de la BD actuelle...