Le cercle
Gallimard / Folio
Le cercle
Gallimard / Folio
Le pitch
Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n’en revient pas. Installé sur un campus californien, ce fournisseur d’accès Internet relie les mails personnels, les réseaux sociaux, les achats des consommateurs et les transactions bancaires à un système d'exploitation universel, à l’origine d’une nouvelle ère hyper-numérique, prônant la civilité et la transparence.
Alors que la jeune femme parcourt les open-spaces, les immenses cafétérias en verre, les dortoirs confortables pour ceux qui restent travailler le soir, la modernité des lieux et l’intense activité la ravissent. On fait la fête toute la nuit, des musiciens célèbres jouent sur la pelouse, des activités sportives, des clubs et des brunchs sont proposés, et il y a même un aquarium contenant des poissons rares rapportés par le P.-D.G.
Mae n’en croit pas sa chance de travailler pour l’entreprise la plus influente qui soit – même si le campus l’absorbe entièrement, l'éloignant de plus en plus de ses proches, même si elle s’expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, d’une avancée technologique aussi considérable qu’inquiétante.
Ce qui ressemble d’abord au portrait d’une femme ambitieuse et idéaliste devient rapidement un roman au suspense haletant, qui étudie les liens troubles entre mémoire et histoire, vie privée et addiction aux réseaux sociaux, et interroge les limites de la connaissance humaine.
Mon avis
Attention : ne vous fiez pas superficiellement au thème affiché dans les trois premiers paragraphes du pitch, ni à quelques critiques publiées en ligne par quelques jeunes lecteurs, passés complètement à coté du contenu du livre !
Ce roman n'est pas une oeuvre pour ados, un enième développement SF "à suspens" à la Hunger games, ou "Le labyrinthe".
Ouvrez plutôt vos mirettes pour lire la phrase suivante : Le cercle est certainement la meilleure dystopie publiée depuis de nombreuses années !
Un roman que toute personne avisée devrait avoir lu avant de replonger dans le monde virtuel proposé par les GAFA, les réseaux sociaux, et de manière plus générale, par tout ce qu'implique la généralisation de l'outil internet !
Je m'explique : après un démarrage tout en douceur, volontairement très neutre de Dave Eggers - quelques chapitres qui, effectivement, pourraient faire penser à l'introduction d'un roman pour ado - le lecteur glisse peu à peu dans un bain d'eau glacée qui, au fil des nombreux développements (le livre fait près de 600 pages, très denses), va progressivement le stupéfier (dans le sens littéral du terme) puis le paralyser d'horreur.
Non pas parce qu'il s'agit d'un récit fantastique ou d'horreur, loin de là !
Mais bien parce que l'auteur, avec une habileté qui m'a laissé pantois (et il en faut pas mal pour m'impressionner), va peu à peu analyser, développer, dévoiler toutes les implications que pourraient avoir, en les extrapolant, la généralisation de pratiques rendues possibles par les nouvelles technologies.
Un monde totalitaire, bien plus parfait dans sa finition que toutes les autres dystopies écrites jusqu'à ce jour.
Le big brother de 1984 ? Du travail d'amateurs !
Venez découvrir ce que d'ici peu de temps - quelques dizaines d'années tout au plus, au rythme actuel - ce que pourrait devenir notre société même si - c'est ça qui est horrible - les contrôles démocratiques se mettaient en action...
Le cercle est, sous un aspect presque inoffensif (le style complètement flat utilisé par Dave Eggers avec habileté en est en grande partie responsable), une oeuvre terrifiante mais peut-être salutaire : en la lisant, vous prendrez sans doute conscience du gouffre au bord duquel nous sommes peut-être.
Il est encore temps... peut-être.
Indispensable !
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