Le pitch

Depuis l'apparition de la vie sur Terre, il y a eu cinq extinctions massives d'espèces. À présent, des scientifiques estiment que notre planète est en train de vivre la sixième, et cette fois, c'est l'homme qui en serait la cause.

Pour prendre toute la mesure de ce moment critique, Elizabeth Kolbert est remontée aux découvertes de Cuvier et de Darwin.

Elle a voyagé, des îles du Pacifique jusqu'au Muséum national d'histoire naturelle de Paris en passant par la forêt amazonienne, et est partie à la rencontre des scientifiques qui enregistrent chaque jour de nouveaux indices d'une réalité implacable.

Un document majeur, salué dans le monde entier comme un événement, qui nous montre que l'humanité ne peut plus ignorer la crise environnementale, au risque de disparaître à son tour.

Mon avis

Prix Pulitzer de l’essai 2015.

Préalable sur le sous-titre (comme il m'arrive souvent de le faire) : Comment l'homme détruit la vie est non seulement un titre racoleur, il est aussi tout à fait à côté de la manière dont l'auteur entend orienter sa démonstration !

Préférez retenir le sous-titre original : An unnatural history.

Avec un ouvrage couronné du Prix Pulitzer, le lecteur curieux est rarement déçu. Non, soyons juste : il n'est jamais déçu !

Mais si de nombreux essais distingués par ce prix prestigieux ont laissé des traces dans l'histoire de la réflexion, celui-ci sera considéré comme une pierre blanche dans le cheminement de l'homme vers une meilleur conscience de son influence sur le monde qui l'environne et lui a prodigué tant de bienfaits.

Le thème développé par Elizabeth Kolbert, parfaitement résumé plus haut dans le pitch de l'éditeur est simple dans son énoncé.

Mais, vous l'avez compris, les conclusions que l'on peut tirer de cette enquête sont terribles... mais, paradoxalement, bien moins terrifiantes que le lecteur peut l'appréhender avant de démarrer sa lecture !

Une des principales leçons de cet ouvrage est en effet que la vague d'extinction des espèces qui a débuté s'est déjà produite à plusieurs reprises, terrible, et qu'à chaque fois la vie a repris le dessus.

L'essai d'Elizabeth Kolbert est un modèle d'étude journalistico-scientifique à l'américaine.

400 pages d'une démonstration éminemment pédagogique, divisées en treize chapitres, comme autant de portes d'entrée très concrètes à une réflexion sur l'évolution du monde biologique terrestre.

A chaque fois, l'auteure nous emmène sur le terrain, à travers le monde et, à partir d'un exemple concret, rappelle l'histoire des découvertes scientifiques humaines se rapportant à l'évolution.

Une histoire terriblement jeune car c'est bien seulement au tout début du XIX° siècle que les premières découvertes scientifiques modernes sur le sujet ont été faites !

L'occasion, d'ailleurs, de rendre un grand hommage au génie français Georges Cuvier;

Des faits, rien que des faits : c'est l'école américaine qui fonctionne ici, et de manière très pragmatique, éducative devrais-je dire.

En 400 pages, vous découvrirez, grâce à un texte pratiquant la vulgarisation scientifique avec bonheur, une somme astronomique de faits et d'études scientifiques absolument passionnante.

Révélation : cet essai est un véritable Tourne Page!

Vous apprendrez aussi avec stupéfaction que de nombreux axiomes avancés par certains écologistes ne sont pas faux... mais d'une importance toute relative, mettant de côté certains risques environnementaux que je ne soupçonnais, pour ma part, absolument pas.

Le chapitre La nouvelle pangée est, à cet égard, le plus étonnant.

Vous y découvrirez que la menace d'extinction la plus importante d'espèces vivante sur Terre, actuellement, est la conséquence du progrès technique de l'homme... mais que celui-ci n'a quasiment rien à se reprocher dans l'histoire !

Un texte comme je n'en avais pas lu depuis un sacré bail, que je vous invite à découvrir, puis à partager autour de vous.

Indispensable, pour s'informer, apprendre, réfléchir... puis agir !