Là où vont nos pères

Shaun Tan

Dargaud

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Le pitch

Le parcours d'un émigrant en route pour un pays nouveau, une terre promise, aussi attirante que mystérieuse : une nouvelle version de cet album poétique au graphisme époustouflant. Un homme fait sa valise. Il quitte sa femme et sa fille. Il embarque à bord d'un navire pour traverser l'océan. Destination : la terre promise, un pays inconnu. Cet homme est un émigrant. Là-bas, dans ce pays nouveau et étrange où il doit réapprendre à vivre, il rencontrera d'autres gens, exilés comme lui, eux aussi perdus dans ce monde nouveau...

Le récit poétique d'un exode qui touche à l'universel. Là où vont nos pères est un album inclassable, qui parle de l'émigration avec une poésie et une délicatesse incomparable.

Mon avis

Dès que le lecteur soulève la couverture épaisse de ce bel album, il sait : Là où vont nos pères n'est pas une BD (un roman graphique, pour être plus juste) comme les autres.

120 planches pour raconter l'histoire d'un homme, un migrant, qui quitte femme et enfant pour aller au bout du monde, trouver un logement, un travail, puis faire venir sa famille et entamer une nouvelle vie.

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Là où vont nos pères

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Mais 120 planches sans le moindre mot.

Des vignettes entièrement dessinées au crayon, sur un rythme allant de 16 par planche - dans de petites fenêtres espacées les unes des autres - à quelques grandes doubles pages.

Pas un mot !

Cet exercice hors norme a lors de sa sortie, provoqué chez nombre de lecteurs un véritable émoi esthétique ainsi qu'un choc intellectuel généré par la force de son thème.

Résultat ? Grande couverture médiatique, prix du meilleur album du festival d'Angoulême 2008, et gros succès commercial : la reconnaissance, justifiée, a été immédiate.

*Là où vont nos pères

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L'album n'a donc, a priori,pas besoin d'avocat.

Je me contenterais juste d'ajouter que, si le récit de Shaun Tan est profondément émouvant - car il touche à un sujet universel (l'auteur entend d'ailleurs très clairement présenter son oeuvre comme une sorte d'hommage, synthèse de toutes les vies de migrants au cours des siècles) - c'est avant tout l'oeuvre graphique qui m'a subjuguée.

Les dessins de l'auteur (quatre années de travail !) sont d'une beauté fulgurante, inoubliable, digne des maîtres du dessin classique.

*Là où vont nos pères

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L'idée de situer ce récit dans une sorte d'univers décalé, relève de la même démarche que celle de Lewis Caroll dans Alice au pays des merveilles : une volonté de déconnecter l'histoire de la réalité pour mieux faire passer certains messages.

Le monde où vit le héros n'est pas le nôtre; même s'il débarque en bateau dans un port qui ressemble à celui de New-York, les immeubles ne ressemblent à rien de connu, les objets non plus, les animaux ne sont pas ceux de notre monde : tout est différent... et magnifique, d'une poésie folle.

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Là où vont nos pères

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En contemplant certains paysages urbains, on ne peut s'empêcher de penser à certaines compositions de Salvador Dali.

Un chef d'oeuvre graphique, une oeuvre mémorable et un mémorial. Indispensable.

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