La mer de la tranquilité

Emily St. John Mandel

Rivages poche

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Le pitch

Quel est cet étrange phénomène qui semble se produire à diverses époques et toujours de la même façon? Des gens entendent une berceuse jouée au violon, accompagnée d’un bruissement évoquant un engin volant qui décolle.

En 2401, sur une des colonies lunaires, une brillante physicienne nommée Zoey s’interroge sur des anomalies qui la perturbent. Le monde tel qu’il existe ne serait-il qu'une simulation ? Emily St. John Mandel renouvelle le thème classique du voyage dans le temps à sa manière unique, dans une histoire envoûtante qui entremêle époques et personnages jusqu’au vertige.

Mon avis

En lisant avec une certaine difficulté La mer de la tranquillité, je n'ai pu m'empêcher de penser que, cette fois-ci, Emily St. John Mandel était allée trop loin.

Trop loin dans la complexité de montage du scénario. Trop loin dans l'abstraction et le mélange de trop de thèmes.

Pourtant, j'ai déjà pu indiquer sur ce site que je considérais l'auteure comme une des plumes marquantes de la nouvelle génération anglo-saxonne (elle est canadienne).

Avec Station eleven, elle avait charmé et stupéfié tout le monde.

Avec L'hôtel de verre, elle s'était lancé avec brio dans une entreprise de dé/reconstruction de notre présent qui frôlait parfois l'exercice d'un atelier d'écriture, sans jamais franchir la ligne rouge.

Mais avec La mer de la tranquillité, visiblement écrit pendant la crise du COVID (le roman est bourré de références à une pandémie et au confinement), elle m'a en partie perdu en chemin.

J'ai bien compris, du début jusqu'à la fin de ce roman éclaté comme un miroir brisé, les intentions de l'auteure. Les intentions, car elles sont multiples.

Mais à trop vouloir jouer avec l'instrument ô combien dangereux du voyage dans le temps, tout en intégrant dans le récit des éléments narratifs et des personnages de son précédent roman (à mon avis, une démarche complètement inutile), tout en traitant de thèmes contemporains (comme l'écologie, déjà abordé par le passé), et en saupoudrant le tout d'un très joli nuage poétique, tout ça en 280 pages extrêmement aérées, le risque d'un manque de lisibilité est important (je sais, ma phrase est trop longue).

Quel dommage, car certains passages du récit sont tout à fait admirables; les nœuds de l'histoire humaine qui s'entremêlent forment peu à peu un décor poétique qui finit par troubler le lecteur.

Quant à l'idée même que notre univers ne serait qu'une simulation dans laquelle on nous fait vivre, elle est brillante (mais si elle n'est pas nouvelle).

J'attends avec impatience le prochain roman d'Emily St. John Mandel, en espérant qu'elle reviendra à une entreprise un peu moins intellectualisée.

NB : vous cherchez une oeuvre qui "travaille" en partie les mêmes thèmes ? Reportez-vous à L'armée des douze singes, le film admirable de Terry Gilliam !

 

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