La guerre éternelle
Dupuis
La guerre éternelle
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Le pitch
Jusque-là, personne n'avait jamais vu les Taurans, ni su à quoi ils ressemblaient, ni même connu leurs véritables intentions. Mais une fusée terrienne fut détruite par les ennemis extraterrestres, c'est du moins ce qu'annonça la télévision.
Aussitôt, politiciens et généraux décrétèrent qu'il fallait en finir une fois pour toutes avec cette menace intolérable. Cela commença avec la Grande Conscription de 2009 et la constitution d'un corps expéditionnaire d'élite.
C'est ainsi que Marygay Potter et William Mandella furent embringués dans une guerre qui allait durer plus de mille ans...
Mon avis
Les adaptations en BD des grands classiques de la SF, cela ne court pas les rues.
Bizarre, d'ailleurs, tant le cadre de certains de ces récits a tout pour donner des images spectaculaires !
Si vous êtes amateur du genre, listez dans votre tête quelques-uns de vos titres favoris, et imaginez les sous forme d'album... Get it ?!
Raison de plus pour se précipiter sur cette adaptation du magnifique roman de Joe Haldeman paru il y a maintenant quarante ans.
La guerre éternelle, prix Nebula en 1975, puis prix Hugo et Locus en 1976 (rien que les trois plus grandes distinctions de la SF mondiale !), est certainement un des plus grands romans de SF consacrés aux guerres futures.
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Dans une bellee introduction à cette copieuse intégrale reprenant les trois tomes de la saga, l'auteur explique comment l'idée de ce roman est née.
Ancien combattant et héros de la guerre du Vietnam, Haldeman avait tant à raconter sur la guerre qu'il ne pouvait que basculer dans cette allégorie sur les grandeurs, mais surtout les impacts terribles des conflits sur l'être humain et sa psyché.
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Je ne vais pas prendre trois heures pour vous vendre le scénario du roman devenu BD (de mémoire, l'adaptation est très fidèle) : c'est tout simplement une merveille de construction, un récit en constante accélération qui s'enroule sur lui même pour déboucher par surprise sur une des fins les plus émouvantes qu'il m'ait été de donner de lire ces derniers temps.
En ouvrant l'album, préparer votre casse-croûte : les 160 planches sont bourrées de texte jusqu'à la gueule (sans pour autant oublier par moment le choc visuel de grandes vignettes juste dessinées), et il vous faudra deux bonnes heures pour en venir à bout.
D'une traite, car c'est un vrai Tourne Page.
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C'est dur, terrible, inhumain.
Comme la guerre.
Haldeman ne tente pas de faire la promotion des conflits à grande échelle, vous vous en doutez.
Mais sa critique est une analyse subtile des guerres modernes. En montrant, par exemple, comment une partie des pertes humaines découlent, non des attaques ennemies, mais bêtement des incidents logistiques de son propre camp.
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Alors, tip top chef d'oeuvre, allez vous conclure ? Eh bien... presque.
Car si la qualité des graphismes de Philippe Marvano n'est pas rédhibitoire, loin de là (j'ai pensé à une approche stylistique à la Jean-Claude Mezières), je dois quand même avouer que j'ai souvent tiqué sur certains visuels, et tout particulièrement sur les visages, taillés à la serpe et bizarrement encrés.
Dommage, car dès que les vignettes s'agrandissent, les dessins possèdent un vrai souffle.
Moralité : rien que pour l'espace, l'histoire, l'intelligence du propos : allez-y direct !
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