La fille du professeur
Dupuis
La fille du professeur
Dupuis
Le pitch
Liliane, fille de l'archéologue Bowell, a besoin de liberté. Elle embarque donc pour une virée dans les rues du Londres de ce début du XXe siècle avec Imhotep IV, la momie du pharaon égyptien conservée par son père et revenue à la vie. Après une altercation fatale avec un policier, le couple se retrouve en fuite, en procès, en prison, et va devoir affronter le père d'Imhotep, lui aussi momie, avant de pouvoir vivre librement son amour.
Fantaisie romantique et victorienne, La fille du professeur est la première collaboration entre deux des plus grands auteurs actuels de bande dessinée : Joann Sfar (Le chat du rabbin) et Emmanuel Guibert (Le photographe).
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Mon avis
Aujourd'hui réédité au sein du label "Aire Libre" chez Dupuis, cet album publié en 1997 avait été récompensé à l'époque par le prix René Goscinny et l'Alph-Art coup de coeur au Festival d'Angoulême.
Il reste, 25 ans plus tard, un petit moment de fraîcheur assez unique dans le monde de la BD.
Joann Sfar, auteur stakhanoviste qui publie plus vite que son ombre (à ma connaissance, plus de 150 albums déjà au compteur !) aime tout faire : scénario, graphismes.
Avec La fille du professeur, il est juste à créditer du scénario, ce qui est pour moi une bonne chose, pour trois raisons.

D'une part, parce que je ne suis pas fan - mais alors pas du tout - du trait Sfar, si reconnaissable.
D'autre part, car il peut laisser ici libre cours à son imagination délirante.
La momie d'Imhotep VI, ressuscitée, tombe amoureuse de la fille d'un anthropologue; amour réciproque : ils vont devoir le défendre bec et ongle : voilà le pitch étonnant de cet album inclassable !

Le lecteur nage, dès la première case de la première planche, dans un surréalisme total et raisonnable, tel qu'ont pu le pratiquer certains auteurs au tournant du XX° siècle.
Surréalisme teinté d'une fraicheur poétique animée par les illustrations d'Emmanuel Guibert, qui est la troisième raison évoqué plus haut.

Guibert travaille à l'encre et au pinceau. Ses aquarelles, plongées dans un kaléidoscope de couleurs, sont parfois noyées dans un excès d'eau qui donne un charme fou, unique en son genre.
64 planches de surréalisme onirique, qui se lisent en une demi-heure.
C'est court, certes, mais je parie que l'album restera gravé longtemps dans votre esprit !
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