La dernière reine
Casterman
La dernière reine
Casterman
Le pitch
Gueule cassée de 14, Édouard Roux trouve refuge dans l'atelier de la sculptrice animalière Jeanne Sauvage. Elle lui redonne un visage et l'introduit dans le milieu des artistes de Montmartre.En échange, Édouard lui fait découvrir la majesté du plateau du Vercors et l'histoire du dernier ours qu'il a vu tué quand il était enfant. Au coeur du Cirque d'Archiane, il lui dévoile la Dernière Reine et incite Jeanne a créer le chef d'oeuvre qui la fera reconnaître.
Dans la veine des grands romans feuilletons du 19e, La Dernière Reine croise les destins du dernier ours du Vercors et d'Édouard Roux gueule cassée de 14.
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Mon avis
Une fois de plus, me voilà confronté à un cruel dilemme : comment parler de l'admiration que je peux avoir pour Jean-Marc Rochette, écrivain et scénariste d'exception, sans évoquer mon manque d'attirance pour ses graphismes ?
En fait, c'est impossible, car les romans graphiques de Rochette, depuis quelques années, reposent tous sur la même ambivalence.
Que vous alliez vous plonger dans le très réussi et autobiographique Ailefroide Altitude 3954, ou vous immerger dans Le loup (voir mes critiques sur le site), vous ne pouvez qu'être fasciné par le talent de conteur et de metteur en scène de Jean-Marc Rochette.
C'est toujours le cas avec sa dernière oeuvre La dernière reine, un travail formidable de trois ans qui a épuisé (littéralement, physiquement) l'auteur.
Un roman graphique de près de 250 planches où, par rapport aux albums précédents l'auteur change d'époque (on est entre les deux guerres) mais pas complètement de sujet (la montagne et l'écologie, ici, jouent encore un rôle prépondérant).
L'histoire, admirable de concision et d'intensité dramatique, parle de la nature, de la bêtise des hommes, mais elle est avant tout celle d'une très belle et tragique histoire d'amour.
Ecrite comme certains romans des années 20, La dernière reine est ce qu'on appelait alors un mélodrame, tout en tensions et en sentiments extrêmes.
Mais c'est un mélodrame magnifique, que l'accumulation de prix littéraires (livre Lire de l'année, Grand prix de la BD Elle, Grand Prix RTL BD...) a logiquement et justement couronné en 2022. Sautez dessus, vous ne le regretterez pas.
Reste le sujet évoqué plus haut : les graphismes.
Rochette a un style immédiatement reconnaissable - traits épais, charbonneux à l'extrême, absence de décors, couleurs ternes, souvent proches du noir - qui, au mieux, ne me touche pas et, parfois me rebute un peu.
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Ici, une tonalité unique, sombre, très sombre. Pourquoi pas, lorsqu'elle est le reflet, la toile d'atmosphère de ce drame ?
Sauf que l'auteur s'abstient d'éclairer les quelques scènes de joie, les scènes d'amour, les scènes de communication avec la nature, et cela me parait vraiment dommage.
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