La captive aux yeux clairs
Actes sud / babel
La captive aux yeux clairs
Actes sud / babel
Le pitch
Premier tome de la très célèbre série The Big Sky de A. B. Guthrie, texte fondateur de l'école du Montana¿, traduit pour la première fois en français.
En 1832, Boone Caudill et ses amis trappeurs rejoignent une expédition vers le Haut-Missouri, vaste région sauvage où vivent les Indiens Black Foot. Teal Eye, une jeune Black Foot, fait partie du voyage. Va-t-elle pouvoir servir de cadeau pour les Indiens qui défendent farouchement leur territoire ?
Dans les paysages immenses et mythiques de l'Ouest américain se déroulera alors une grande épopée encore plus saisissante, plus iconoclaste, plus vraie que le chef-d'œuvre de Howard Hawks (1952), un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma.
Mon avis
La captive aux yeux clairs... quel titre magnifique, porté qui plus est par une très jolie couverture dans la collection Babel d'Actes Sud !
Postfacé (comme les romans d'Ernest Haycox) par le grand réalisateur Bertrand Tavernier, passionné de littérature américaine, le roman d'A.B. Guthrie publié en 1947 fait partie des classiques de la littérature du "far west" adaptés au cinéma à la grand époque du western.
Un roman très connu aux Etats-Unis, il a été (re)tiré de l'anonymat dans lequel il végétait depuis un bon moment en France. Mais - j'en suis le premier surpris - ce n'est pas la première fois qu'un titre célèbre de l'autre côté de l'Atlantique ne passe pas la barre de la notoriété dans notre beau pays pourtant féru de littérature...
Alors, que penser de ces presque 600 pages ? Elles racontent, de manière très simple et très linéaire sur une quinzaine d'années, la vie de Boone Caudill, fils pauvre d'agriculteur qui, au début du XIX° siècle -à l'heure où l'ouest américain est encore terra incognita - va se lancer dans la vie belle mais terriblement austère d'un pionnier trappeur.
Je suis sorti de leur lecture partagé comme je l'ai rarement été.
D'un côté, l'aspect documentaire du roman est très souvent fascinant. A.B. Guthrie peint à grands traits les paysages d'une Amérique sauvage encore intacte mais qui, en quelques dizaines d'années, va être ravagée par l'arrivée des migrants de la nouvelle frontière.
La nature est sans le moindre doute le personnage principal du récit, et les chapitres où l'auteur décrit sur des pages et des pages la remontée du Mississipi à contre-courant par les trappeurs qui vont tenter de faire fortune avec les peaux de bisons et les castors qui pullulent - encore ! - sont magnifiques.
Les trappeurs doivent cohabiter avec la chaleur et la poussière de l'été, la neige et la glace de l'hiver.
Un combat de tous les jours, où les aventuriers itinérants vivent littéralement de et dans la nature, n'interrompant leur vie hors de la société que deux ou trois fois par an pour des rassemblements où ils mangent, se saoulent à coup de whisky et plongent dans une luxure tarifée avec les squaws maqués par leurs propres compagnons indiens.
En cela, A.B. Guthrie se révèle un véritable précurseur du nature writing si à la mode actuellement aux Etats-Unis. Vous voulez découvrir l'Amérique primale ? Alors ce livre est pour vous !
Par contre, de l'autre côté, il y a une histoire quasiment orpheline d'un vrai scénario et une gestion des personnages qui m'a paru bien erratique. Le roman fonctionne par à-coups bien trop mélodramatiques, plongeant le lecteur dans une succession de chauds et froids qui ne m'ont pas convaincu du tout.
La succession de drames qui vont détruire, peu à peu, la quasi totalité des personnages principaux m'a paru bien mal étayée préalablement par leur développement psychologique et je n'ai, malheureusement, pas du tout aimé les derniers soubresauts de l'histoire.
Dommage, dommage, mais n'hésitez pas à tenter votre chance, comme on dit dans les foires !
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