La bête
Dupuis
La bête
Dupuis
Le pitch
Capturé en pleine Palombie par des Indiens Chahutas et vendu à des trafiquants d'animaux exotiques, un marsupilami débarque dans les années 50 au port d'Anvers. Réussissant à s'enfuir, il arrive dans la banlieue de Bruxelles et est recueilli par François, un jeune garçon fan d'animaux dont le quotidien est loin d'être facile.
Le début d'une aventure passionnante, parfois sombre mais toujours porteuse d'espoir, et d'une belle amitié.
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Mon avis
Lorsque j'ai vu pour la première La bête, cet album à l'aspect si impressionnant, j'ai salué mentalement les éditions Dupuis d'un grand coup de chapeau, en me demandant jusqu'où cette vénérable institution de la BD pour tout public serait capable de prendre des risques tout en se réinventant. Car franchement, La bête, c'est un véritable OVNI dans le monde bien tranquille de la BD mainstream !
J'ai déjà salué par ailleurs l'excellente idée de Dupuis d'ouvrir les vannes d'une réinvention de Spirou, avec sa collection Le Spirou de.
Une idée qui a prospéré de manière inespérée en proposant (grâce à d'excellents auteurs) des œuvres vraiment originales, au point de rendre un peu minable les éditeurs qui, parallèlement, se sont contentés d'exploiter encore et encore - et souvent de médiocre façon - le filon des grandes séries classiques de la BD belge (Les schtroumpfs, Astérix, Blake et Mortimer, Lucky Luke, j'en passe et des pires...).
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Mais, au delà des Spirou de, l'éditeur est allé cette fois-ci encore plus loin en s'emparant du Marsupilami, pour transformer le compagnon de Spirou et Fantasio, cet étonnant animal aux pouvoirs prodigieux mais finalement très, très gentil (sauf quand on l'énerve trop !) en personnage principal d'une série réaliste, aux couleurs ternes, souvent glauque et très triste.
Les parents de La bête, Zidrou et Frank Pé, ne sont pas des novices du genre, loin de là.
Ils sont d'ailleurs les auteurs d'un Spirou de, La lumière de Bornéo, que j'vais remarqué et salué lors de sa sortie il y a quatre ans. C'est sans aucun doute par ce biais qu'ils ont nourri et développé l'idée de ce reboot de la bestiole à longue queue.
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La bête, c'est tout d'abord et avant tout une sacrée bête d'album. Un très gros pavé aux dimensions impressionnantes, presque carré.
La couverture cartonnée est épaisse comme celle de trois albums traditionnels empilés et le papier, superbe, épais. Une bête de plus d'un kilo (et dont le prix est malheureusement à la hauteur de la qualité de l'addition, c'est là son seul défaut...).
Dès l'illustration en noir et blanc de la première planche, suivie d'une immense vue du port d'Anvers en pleine double page, on s'en prend plein les mirettes. Atmosphère ? Celle de Pépé le moko, le film de Julien Duvivier. Réaliste.
Après, ce sont 150 planches aux très grandes cases, avec peu de dialogues, qui racontent l'histoire de la rencontre entre François, ce gamin, et la bête apparemment féroce.
Jusqu'au bout Zidrou reste dans le registre du mélodrame, avec quelques scènes vraiment cruelles, même s'il n'oublie jamais d'éclairer son histoire d'éclairs d'optimisme dans la nature humaine et parvient même à introduire un personnage drôle et attendrissant, monsieur Boniface, l'instituteur sosie... d'André Franquin !
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On savait que Frank Pé est un très grand illustrateur (je vous recommande d'ailleurs Une vie en dessins, le splendide album publié chez Champaka Brussels qui vient d'être consacré à son talent), mais il prend ici une nouvelle dimension, profitant de l'espace qui lui est accordé.
Un album indispensable, avec juste un regret : ce n'est qu'un premier tome, et il se lit beaucoup top vite...
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