Le pitch

En l'espace d'un instant, la vie d'un homme ordinaire bascule. Les passantes le suivent du regard, leurs yeux brillent, elles lui sourient... Il a changé de visage. Mieux encore, ses traits se sont affinés, il paraît plus jeune et surtout, plus séduisant. Mais s'il gagne au change, il est devenu par la même occasion un parfait étranger pour tous ses proches. Plus personne ne le reconnaît et c'est toute sa vie qui se dérobe et qu'il doit réinventer.

Entre le charme de son épouse et celui de l'envoûtante Sarrazine, c'est aussi l'heure des choix et il va découvrir que cette "belle image" peut s'avérer difficile à porter...

*

Mon avis

Adapter un roman de Marcel Aymé ? Voilà une excellente idée de Cyril Bonin !

Car, qui mieux que le grand auteur français, a su mieux développer - à l'instar de certains auteurs anglo-saxons - sous forme de nouvelles ou de courts romans, des idées un peu absurdes, celle qui partent du principe que le fantastique peut faire irruption dans le quotidien ?

Tout le monde - ou presque - connait Le passe-muraille, cette nouvelle où un homme prend soudain conscience d'une faculté unique : il peut traverser les corps solides !

Avec La belle image, c'est un homme qui, brusquement, change littéralement de visage. Avant il était laid, ou tout simplement insignifiant. Après, le voilà beau, séduisant.

Marcel Aymé explore alors toutes les nouvelles pistes de l'existence de l'homme. Personne ne le reconnait, il ne peut plus vivre avec sa femme, travailler dans son entreprise... mais il séduit si facilement que de multiples opportunités s'ouvre à lui.

*

*

Je ne vous raconterai pas les développements de l'histoire qui, jusqu'au bout des 80 planches, chemine avec subtilité, malice, mais aussi cruauté dans le dédale des possibles.

Marcel Aymé était un homme dont la force d'auteur était d'explorer la nature humaine, dans tout ce qu'elle peut avoir de peu séduisante, répugnante parfois, mais tout en gardant un brin de légèreté, d'humour parfois,  et de foi dans la nature humaine. Paradoxe...

*

L'adaptation de Cyril Bonin est, scénaristiquement, une vraie réussite.

Grâce à la voix off du narrateur, des dialogues efficaces et un découpage habile, Bonin mène le lecteur habilement par le bout du nez. On a envie de savoir comment cela va se terminer, comment Marcel Aymé va retomber sur ses pattes : c'est un vrai Tourne Page !

Les graphismes sont à la hauteur du style habituel de Cyril Bonin, avec ce trait un peu tremblé un peu désuet (ce n'est pas ici une critique) usant (abusant ?) des couleurs pastels et surtout du beige.

*

*

Le seul défaut de l'album ? Bonin n'a jamais été très à l'aise avec les visages et, ici, c'est un vrai handicap car la différence entre les deux visages du héros - le laid et le beau - n'est pas assez flagrante pour étayer la fable.

Ceci mis à part, allez-y en confiance : c'est toujours un plaisir de parcourir une intrigue intelligente !