Journal inquiet d’Istanbul

Ersin Karabulut

Dargaud

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Le pitch

L'histoire vraie d'Ersin Karabulut, célèbre artiste de bande dessinée turc ; son parcours des banlieues déshéritées d'Istanbul aux sommets de l'édition et de la presse satirique ; comment il vécut, parfois en première ligne, les bouleversements et l'agitation politique de son pays, une Turquie transitant lentement d'une démocratie à un régime autoritaire.

En même temps qu'il raconte son parcours d'artiste et de citoyen lambda, Ersin Karabulut dresse le portrait d'un pays tiraillé par des antagonismes politiques et sociétaux profonds, dont l'histoire récente est faite de coup d'états, d'espoir, de désillusion et de drames.

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Journal inquiet d'Istanbul

Mon avis

J'ai découvert Ersin Karabulut en 2018 grâce à ses Contes ordinaires d'une société résignée, un recueil de courtes histoires qui mettaient en valeur son esprit décalé, quasi surréaliste, et ses illustrations dont le graphisme aussi précis que "monstrueux" (au sens littéral du terme) m'avaient carrément séduits.

Un auteur encore tout jeune (27 ans) et complet, au parcours vraiment original puisque naviguant entre la Turquie - son pays natal - et l'Europe occidentale.

Journal inquiet d'Istanbul

Avec Journal inquiet d'Istanbul, Karabulut raconte justement ce parcours, depuis sa naissance jusqu'à son succès en tant qu'auteur BD.

150 planches (annoncé comme un premier volume) qui m'ont souvent fait penser, sur le principe, aux trois premiers tomes de l'autobiographie graphique de Riad Sattouf, L'arabe du futur.*

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Comme Sattouf, Karabulut décrit une enfance dont la toile de fond est un pays du Moyen-Orient dont le cadre social, politique et religieux est bouleversé par des tiraillements incessants, entre traditions et élans vers plus de modernité démocratique, pour aboutir finalement à la victoire d'une dictature.

Impossible de ne pas se passionner pour le récit de Karabulut qui montre fort bien comment, au fil des années, Erdogan est parvenu au pouvoir en jouant sur une duplicité incessante.

Impossible aussi de ne pas faire un second rapprochement, avec une autre autobiographie romancée, Persépolis, le chef-d'œuvre de Marjane Satrapi.

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J'ai franchement adoré la capacité de l'auteur a raconter une enfance loin d'être facile, dans un environnement souvent toxique (la montée de l'intégrisme musulman est omniprésente), en conservant humour et esprit positif.

Il faut dire que son trait rond, techniquement brillant, y fait pour beaucoup, en naviguant sans cesse entre réalisme et influence "fluidegacienne" (si vous me permettez l'expression).

Même chose pour la mise en couleurs : en privilégiant les teintes claires, gaies, Karabulut permet au récit de ne jamais sombrer dans le glauque.

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En fait, j'ai fini par comprendre que c'est l'auteur, acteur principal et récitant de cette histoire, qui infuse, tout au long du volume, sa "positivité" et sa volonté qui le rendent éminament sympathique.

Ersin Karabulut ? Un conteur et créateur vraiment sympathique. J'attends le second tome avec plaisir !

 

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