Le pitch

1939. Comment un adolescent qui tient des portes dans un hôtel peut-il se révéler et devenir le jeune aventurier que nous connaissons ?

Pourquoi celui-ci choisira-t-il de garder sa livrée de groom ? A-t-il été amoureux ? A-t-il une conscience politique ?

D'où vient son amitié indéfectible avec Fantasio ? Et qui est ce Fantasio ? Et Spip ?

Derrière toutes ces questions, se cache un terrible traumatisme qui nous affectera tous...

Mon avis

Le journal d'un ingénu est un album publié, dans un premier temps, en 2008 par Dupuis dans la collection "Le Spirou de"..

Cette collection, créée au tournant du siècle, était destinée à offrir un espace à un auteur connu, afin qu'il puisse réinventer, le temps d'un album, le mythe de Spirou.

La collection, qui existe toujours, a permis à nombre de grands scénaristes et dessinateurs  de s'approprier Spirou et d'en faire "autre chose", souvent très réussi.

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Mais avec Le journal d'un ingénu, Emile Bravo - seul à la manœuvre - impressionne tout le monde car, en imaginant un spin off du personnage, il l'enracine dans une réalité historique et politique qui bouleverse l'angle de vision du lecteur.

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Spirou et Fantasio, des personnages de BD ? Oui, mais aussi (surtout) des acteurs - belges ! - de l'Europe de la fin des années 30, spectateurs, puis acteurs, de la montée du nazisme, du début de la guerre, des mouvements de résistance et de collaboration.

Raconté comme ça, l'idée peut paraître bizarre car qui, a priori,va s’intéresser à un Spirou qui se mêle de l’histoire contemporaine (même si le groom deviendra plus tard un journaliste d'investigation !) ?

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Et pourtant... lisez avec attention et plaisir cet album - réédité en 2018 avec une "nouvelle" de cinq planches en intro - et appréciez la magie.

Daniel Bravo a gardé le dessin "BD belge" irréaliste de la série originale; mais, en resserrant les cadres des vignettes sur les personnages et, en multipliant les dialogues qu occupent presque tout l'espace, il transforme la BD en scène de théâtre ou de cinéma.*

Dans une histoire bourrée de rebondissements, de scènes de comédie, mais aussi de scènes tragiques et de sentiments (Spirou confronté à l'amour, le grand, le vrai !), Bravo travaille à la Lubitsch en traitant les sujets les plus gravissimes avec une légèreté étourdissante.

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Le journal d'un ingénu, c'est, toutes proportions gardées, le To be or not to be de la BD Belge.

C'est un constat ? Non, c'est un compliment, et un grand !

Avec cet album - qui fera des petits dix ans plus tard - vous vous préparez trois bonnes heures de lecture, drôles, étonnantes, émouvantes.

Un plaisir.