Joe Shuster : un rêve américain
Urban comics
Joe Shuster : un rêve américain
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Le pitch
Jeune dessinateur de Cleveland issu d'une famille d'immigrés russes, Joe Shuster était loin de penser qu'avec la création de Superman, imaginé en 1938 aux côtés de son ami et scénariste Jerry Siegel, il allait donner naissance à un genre à part entière : le comics de super-héros.
Leur concept sous le bras, les deux jeunes pionniers découvrent avec le succès éclair de leur création la réalité du monde de l'édition de l'époque et posent les bases créatives de ce qui est aujourd'hui connu comme l'Âge d'Or du comics.
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Mon avis
Il est toujours difficile de définir précisément ce qu'est un roman graphique, terme apparu à la fin des années 70, début des années 80, entre Will Eisner et Art Spielgelman (voir à ce sujet ma sélection des meilleurs romans graphiques en cliquant sur le lien ici).
Le plus simple, le plus évident, sera sans doute de donner en exemple ce très bel album scénarisé par Julian Voloj et mis en image par Thomas Campi.
Sur un peu plus de 150 planches (qui vous prendront bien trois heures à lire) Voloj raconte le destin véritable et passionnant de Joe Shuster, l'homme qui, avec Jerry Siegel, a inventé Superman et l'a rendu célèbre dans le monde entier.
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Un vrai roman graphique : une autobiographie au travers des décennies qui passent reposant sur une copieuse narration - aussi importante que celle d'une autobiographie classique, en fait.
Le texte de cette narration remplit de très nombreux bandeaux (que n'aurait pas reniés le roi Edgar P. Jacobs !), illustré par des vignettes à l'aquarelle au sein desquelles figurent de rares bulles de dialogues.
Vous l'avez compris : on est proche du roman dans la narration, mais celle-ci ne serait rien sans les graphismes, indispensables.
Surtout pour raconter l’histoire de la naissance et du développement des comics aux Etats-Unis !
Reste, au delà de cette définition, un magnifique album, passionnant de bout en bout.
L’histoire racontée par Joe Schuster parait, rétrospectivement, presque classique au pays de la libre entreprise, où ce n'est pas toujours le plus créatif et sympathique qui tire les marrons du feu.
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Car l'histoire, réelle, est celle de deux auteurs qui se font dépouiller de leur création par naïveté, puis vivent son succès phénoménal comme de simples exécutants, quasiment par procuration !
Un récit passionnant (même s'il eut parfois gagné à être un brin plus elliptique, alourdi par trop de détails), digne d'une série TV, quasiment un Tourne Page.
Mais ce qui m'a surtout séduit d'emblée, dès les premières planches de l'album, ce sont les graphismes de Thomas Campi, un graphiste italien choisit par Julian Voloj pour son style.
Son style ? Sur une base d'aquarelle, donc, de pures merveilles de petits tableaux "à la manière de" Hopper, scotchant de fait l'histoire dans les années cruciales de l'Amérique.
Les vignettes, non détourées par un encrage, flottent dans la page, comme les bandeaux dans les vignettes.
Imaginez, cher lecteur potentiel, votre chance : pour une poignée d’euros, voilà à votre disposition plusieurs centaines de formidables petits tableaux !
Amateur de BD, de comics, des US., d'art contemporain, de l'histoire des 30's, 40's, 50's ?
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