Joe la pirate
Glénat BD
Joe la pirate
Glénat BD
Le pitch
C’est l’histoire vraie d’une petite fille née en 1900 à Londres, qui « se sentait déjà queer dans la matrice ». En grandissant, elle a fait le tour du monde, elle a lancé sa compagnie de taxis féminins, elle a fait la guerre, elle a battu des records de vitesse dans des courses de bateau, elle a régné en monarque éclairé sur une île des Bahamas, elle a eu pour meilleur ami et confident une poupée… Vivant plusieurs vies, elle a porté plusieurs noms. À sa naissance, on l’appelait Marion. Puis à 5 ans, après une chute de chameau, elle a choisi le pseudonyme de Tuffy. Enfin, c’est très vite dans le prénom Joe qu’elle s’est vraiment reconnue. Et c’est en homme qu’elle a forgé sa réputation et créé sa légende...
Amoureuse de la compétition, de la vitesse et des conquêtes féminines, Joe Carstairs a vécu une existence fidèle à son personnage : explosive, impulsive et excentrique. Suivez la destinée d’une femme richissime au charme incandescent, pleine d’une confiance inébranlable et pour qui la vie ne fut qu’un long feu de joie.
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Mon avis
Hubert, le scénariste de Joe la pirate, a mis fin à ses jours au tout début de l'année 2020, à 49 ans. Quelle tristesse !
Hubert était devenu ces dernières années un des leaders du scénario BD français, et ses derniers albums ont tous connu un destin formidable, tant sur le plan critique que commercial : le 4ème volume de la saga Les ogres-dieux, le formidable album Peau d'homme (dessiné par Zanzim) et, donc, Joe la pirate, publié un an après sa mort.
Ce très bel album a été publié chez Glenat BD. Un imposant one shot de 200 planches à l'épaisse couverture art déco, avec tranchefil et marque page. Un papier très blanc qui met en valeur les graphismes de Virginie Augustin, entièrement en noir et blanc.
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Hubert et Virginie Agustin ont déjà travaillé ensemble, pour une remarquable histoire publiée en 2016, une plongée dans l'époque victorienne intitulée Monsieur désire ? Cette complicité se retrouve ici magnifiée, tant l'alchimie entre l'histoire et le trait à l'encre de Chine (dessiné en fait sur Ipad par Virginie Austin) est évidente.
Comme souvent avec Hubert, le récit aborde le thème de l'identité sexuelle. Joe la pirate est une biographie, celle de Joe Castairs, qui a traversé le XX° siècle dans une vie d'aventures et de liberté sexuelle comme on en voit peu. En 13 chapitres (deux heures de lecture en perspective !), Hubert déroule la vie de cette femme qui aimait les femmes et vivait comme un homme, une extravertie extravagante qui n'en faisait qu'à sa tête grâce à une fortune personnelle considérable.
Joe Castairs a eu une vie hors normes, c'est tout ce qui fait le sel du récit où l'on écarquille souvent les yeux, face aux choix de vie de l'héroïne. La face sombre de sa personnalité - un personnage têtu et très égocentré qui ne la rend pas toujours très sympathique - est la principale limite de l'ouvrage, qui aurait sans doute gagné à être un peu plus court.
Mais précipitez-vous sur l'album, pour savourer le travail splendide de Virginie Augustin, absolument remarquable.
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Dans ma critique de Monsieur Désire ?, j'indiquais que la mise en couleurs était la seule faiblesse de l'album. Le choix d'un pur noir et blanc, cette fois-ci, est donc un choix gagnant : il met incroyablement valeur la finesse, l'élégance et la précision du trait de la graphiste. Chaque planche est un plaisir de yeux, tant Virginie Augustin joue avec justesse avec les reliefs simple du noir et blanc à l'encre de chine.
Un album à acheter et lire, mais surtout à regarder !
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