J’existe, je me suis rencontré

Marcel Gotlib

Dargaud

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Le pitch

« My name is GOTTLIEB. Marcel GOTTLIEB. Je suis né à Paris, le quatorze juillet mille neuf cent trente quatre, à une heure du matin. Ma mère m’a raconté par la suite que cette nuit-là,  toute la ville en liesse dansait dans les rues pour célébrer la naissance de l’Enfant-Roi.

Dans la salle de la clinique, mon père faisait les cent pas en fumant cigarette sur cigarette. Soudain, une très belle femme vêtue de blanc entra, enlacé avec une infinie tendresse, un fragile paquet adorablement emmailloté dans un drap rose….. ».

À l'occasion de la grande exposition Les Mondes de Gotlib qui s'est tenu au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, Dargaud a réédité dans une version augmentée et enrichie de nombreuses illustrations, la superbe autobiographie de ce génie de la bande dessinée franco-belge. Un livre formidable, drôle, tendre et poignant, dans lequel l'auteur de la Rubrique-à-Brac et le cofondateur du magazine Fluide glacial se raconte avec talent.

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J'existe, je me suis rencontré

Mon avis

Parfois, on passe à côté de quelque chose d'évident.

C'est ainsi que je n'ai découvert cette autobiographie de Gotlib qu'après sa mort, en 2016, un quart de siècle après sa première édition. Alors que j'ai à peu près tout lu de Gotlib, depuis ma plus tendre enfance jusqu'à ce jour.

Je suis donc passé à côté jusqu'à ce jour.

Et encore, j'aurais pu continuer ainsi longtemps, si je n'avais pas vécu dans une commune des Yvelines, en banlieue parisienne, Le Vésinet.

Car Marcel Gotlib (ou Gottlieb, son vrai nom) était vésigondin (ok, cela sonne pas terrible, mais c'est comme ça qu'on dit !) depuis une éternité et, à sa mort, la commune a décidé de donner son nom à la médiathèque.

Tout en lui accordant, une place privilégiée, avec des planches originales accrochées au mur, et tout un coin consacré à ses œuvres.

Si vous êtes un fan de Gotlib, vous devriez venir jusqu'au Vésinet, cela vaut le coup. Surtout que la commune est ravissante, avec des lacs, des rivières et des canards sauvages; mais je m'égare...

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Bref : c'est dans cette médiathèque que je suis tombé sur cette réédition de la biographie du maître.

Un fort volume aux dimensions peu courantes, à la couverture en carton fort sur laquelle était reproduite une photo de l'auteur, jeune; très jeune.

Dès la première page, je suis retombé en enfance.

Celle de Marcel, petit garçon dont la famille arrivait de Hongrie pour fuir l'inconfort de la situation pour les juifs d'Europe centrale entre les deux guerres.

Marcel raconte son enfance et sa prime adolescence, uniquement, car sa biographie s'arrête aux portes de l'âge adulte.

Pas d'anecdotes donc sur sa vie d'auteur, dessinateur, scénariste.

Juste des souvenirs d'enfance, racontés avec le talent de compteur que certains lui connaissaient, ceux qui prenaient le temps de lire les récits calligraphiés figurant dans certaines des pages de La rubrique à brac ou des Dingodossiers.

Dans ce récit qui aurait pu être terrible - Gotlib a perdu son père en déportation, et s'est vite retrouvé pensionnaire dans un orphelinat auquel sa mère l'avait confié, pour conserver uniquement sa sœur puînée auprès d'elle - l'auteur de la coccinelle fait preuve du même humour tendre et absurde que ses lecteurs adoraient.

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Une manière de prendre de la distance avec la dureté des faits, pour en garder les meilleurs moments, les meilleurs facettes, celles qui brillaient un peu (ah, la jolie Klara !).

C'est très bien écrit, le ton est parfois proche des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol. Et, comme chez Pagnol, certains passages sont très émouvants.

Sobrement émouvants, car ce n'était pas le genre de Gotlib, roi pudique, de verser dans la larmichette autonettoyante !

Et pourtant, j'en ai versé une ou deux, de larmichettes. C'est tout dire...

A lire, vraiment, même (et peut-être surtout ?!) pour ceux qui n'ont pas connu l'auteur.

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