Le pitch

Face à une catastrophe naturelle, il faut une force de la nature. Madeleine, c'est les deux. Troumesnil, Côte d'Albâtre, Normandie. La falaise, grignotée par la mer et le vent, recule inexorablement de plus d'un mètre chaque année, emportant avec elle les habitations côtières. Le maire du village parvient pourtant, tant bien que mal, à en protéger les habitants les plus menacés.

Tous sauf une, qui résiste encore et toujours à l'autorité municipale. Madeleine, 95 ans, refuse de voir le danger. Et pour cause. Madeleine est aveugle de naissance.

Mon avis

Avec ses couvertures lumineuses, entre bleu du ciel et bleu de la mer, les deux tomes de Jamais attirent l'œil du candidat lecteur.

Pour peu que celui-ci se donne la peine d'ouvrir le premier album, il ne regrettera pas sa curiosité car Jamais fait partie d'un genre en voie de disparition : la BD d'inspiration belge (celle de la grande époque, portée par les magazines Spirou et Tintin).

Cette bonne vieille BD au style semi réaliste, avec une ligne claire, des couleurs franches et des scénarios sur fond humoristique écrits pour les 7 à 77 ans. Le bon vieux temps, quoi !

*

Pourtant, Bruno Duhamel n'est pas belge, mais normand, ce qui explique sans doute le choix du cadre de son histoire : les falaises de la haute Normandie, grignotées par la mer et le réchauffement climatique.

Un dyptique, donc, mais avec deux volumes que l'on peut lire indépendamment.

Un point de départ tout simple. Une héroïne aveugle, une vieille dame au caractère de cochon qui refuse de quitter sa maison alors qu’elle menace de disparaitre avec le bout de falaise qui la porte.

Bruno Duhamel enchaine sur 120 planches les péripéties avec un sens du rythme et de la dérision tout à fait réjouissant.

Dans ce petit monde au bord de l’océan, les politiciens ne jouent pas un rôle bien glorieux, et les figures les plus courageuses ne sont pas forcement celles que l’on attends.

Le scénario sur fond de morale écologique est malin, bourré de rebondissements, les dialogues nombreux et percutants.

Le dessin, rond et précis, restitue avec précision l’ambiance de la côte d’albâtre.

Bref, vous l’avez compris, j’ai passé un très bon moment de pure distraction !