Giant
Dargaud
Giant
Dargaud
Le pitch
New York, 1932. Malgré la grande dépression qui frappe durement l'Amérique, les buildings s'élèvent toujours plus haut dans le ciel de Manhattan et les chantiers prolifèrent.
C'est là que travaille Giant, un homme taciturne à la carrure imposante. Ses collègues le chargent d'avertir la famille d'un compatriote irlandais du décès accidentel de celui-ci. Mais, dissimulant la triste vérité, le mystérieux colosse envoie une belle somme d'argent à Mary Ann, la jeune veuve, ainsi qu'une lettre dactylographiée qui pourrait être de son mari...
Elle lui répond et commence alors une correspondance régulière, sans que Giant dissipe le mensonge. Vient alors le jour où Mary Ann et ses enfants débarquent à New York...
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Mon avis
[Préalable : par commodité et une meilleure compréhension du lecteur (c'est vous !), cette critique porte sur l'intégrale des deux volumes de Giant, diptyque qui, a ce jour, n'a pas encore fait l'objet d'une publication un seul album.]
Le New York de l'entre-deux guerres a toujours fait fantasmer les auteurs américains de tout poil; quant aux auteurs européens, ce n'est guère mieux.
Il faut dire que la matière prête au fantasme : la Big Apple, symbole du capitalisme, est parcouru pendant deux décennies par les courants les plus puissants qui aient agité l'occident au XX° siècle.
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Imaginez : la croissance frénétique de la ville, les buildings qui grattent le ciel, l’immigration frénétique, les années folles, l’explosion du jazz, la prohibition, la crise de 29, le New deal, la nouvelle croissance... tout ça en vingt ans.
Unbelivable, non ?
Il n'est donc pas étonnant qu'un nouvel auteur, Mikaël, se soit lancé dans l'aventure : peindre un tout petit bout, juste un petit bout de tout ça.
Et c'est réussi.
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Pourtant, il n'y a rien de plus casse-gueule, pour créer une BD, que de mener de front scénario et graphismes, deux domaines qui font appel, je le rappelle aux amateurs et aux débutants, à deux types de compétences et de dons complètement différents !
Pourtant, Mikaël réussi largement son coup, même si son diptyque one shot de 108 planches, n'est pas parfait.
Tout de même, que de maîtrise dans ce récit dont les quelques faiblesses (un scénario un peu prévisible, et une mise en couleurs un poil trop calé de manière uniforme dans les ocres) ne gênent en rien le plaisir de la lecture !
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Impossible, en découvrant l'arc narratif proposé par Mikaël, de ne pas penser à un roman fabuleux, le sublime Les bâtisseurs de l'empire, de Thomas Kelly (d'ailleurs, Mikaël n'a-t-il pas été inspiré par ce roman ? Les parallèles sont vraiment troublants...).
Même thème : d'un côté, en BD, la construction vu côté ouvriers du Rockefeller center, de l'autre, le roman, celui de l'Empire state building.
Mêmes héros et même toile de fond : les immigrés irlandais travaillant dans le bâtiment.
Quoiqu'il en soit, l'album est une réussite : générosité du récit, des personnages; graphismes réalistes aux personnages aux traits acérés, offrant aux lecteurs quelques vues de New York réellement sublimes.
Allez-y en confiance, Mikaël à de l'avenir.
D'ailleurs, mon petit doigt me dit qu'il n'en a pas fini avec New York...
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