Geronimo
Rue de Sèvres
Geronimo
Rue de Sèvres
Le pitch
1850, Nord du Mexique. Sur les terres ancestrales des Apaches, un énième massacre. Un campement est attaqué par les soldats mexicains. Parmi les victimes, la femme, les trois enfants et la mère d'un jeune homme médecine réputé pour sa science et ses prémonitions : Goyahkla, « celui qui bâille ».
Assoiffé de vengeance, Goyahkla réunit les différentes tribus apaches pour se venger du village où a eu lieu le massacre. Les grands chefs Cochise, Juh, Mangas Coloradas le suivent.
Dans le combat homérique qui va suivre, Goyahkla va s'illustrer, gagner le rang de guerrier et un nouveau nom : Geronimo.
Mon avis
Geronimo est une BD one shot assez ambitieuse, puisque l'intention du scénariste Matz est de parcourir en un peu plus d'une centaine de planches la vie du célèbre chef indien.
Un scénario découpé en quatre chapitres, chacun s'attardant sur une période particulièrement importante de la vie de Geronimo. Des périodes, vous vous en doutez, riche en drames, batailles et scènes insupportables.
Autant le dire tout de suite : sans les fulgurances des illustrations de Jef qui, à certains moments de l'histoire, explosent littéralement le cadre conventionnel de la planche pour en faire des tableaux d'une violence superbe, s'affranchissant de tout texte pour raconter juste avec l'image, l'album ne mériterait pas ma recommandation.
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Paradoxalement, l'auteur qui est si à l'aise avec les chevaux, les paysages, ce qui est le plus difficile, est visiblement très crispé sur son crayon lorsqu'il s'agit de dessiner le visage des indiens, qui sont parfois franchement peu réussis.
Le scénario de Matz est travaillé de manière très - beaucoup trop - conventionnelle, au point qu'il m'a presque fait penser - la violence en plus - à certaines histoires présentes dans Spirou ou Tintin dans les années 60.
Personnages schématiques, à peine esquissés, les très méchants d'un côté, les gentils de l'autre, l'auteur nous présente un raccourci qui, pour peu qu'on se soit intéressé au sujet auparavant, manque singulièrement de précisions et de nuances.
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Il faut dire que la concurrence est rude : tant d'excellents auteurs se sont penchés sur le drame indien au cours des cinquante années que le lecteur est devenu très difficile, le sujet Geronimo ayant lui-même été traité à plusieurs reprises.
Heureusement, les cases où Jef se déchaînent sont impressionnantes, surprenantes même parfois, tant l'illustrateur arrive à s'affranchir, pour le coup, de la mise en dessins et en couleurs traditionnelles.
Rien que pour cela, un petit détour vers l'album se justifie.
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