Le pitch

Le décor, le destin, le nom de l'héroïne vous rappellent quelque chose... c'est à dessein. Posy Simmonds donne à l'Emma Bovary de Flaubert une arrière-petite-fille en jean, baskets et lingerie fine.

Personne ne sort indemne de cette satire, ni ces Anglais middle class assoiffés de grands crus et d'exotisme continental, ni cette petite bourgeoisie française aux manies insupportables.

Du désir de grandeur et de ses désillusions. De l'influence des régimes amaigrissants sur la fidélité conjugale. Splendeur et ridicules du désordre amoureux. Le grand Flaubert y retrouverait ses petits.

Mon avis

Gemma Bovery de Posy Simmonds est - au même titre que Tamara Drewe - un chef d'oeuvre sans égal du roman graphique.

Posy Simmonds a reçu en 2024 le grand prix de la ville d'Angoulême pour l'ensemble de son oeuvre.

Une reconnaissance parfaitement justifiée car, avec une poignée d'albums, elle est parvenu à révolutionner le genre.

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Ouvrez l'album publié chez Denoël graphic : un format étrange aux dimensions atypiques, tout en hauteur, imprimé sur un papier crème épais : tout de suite, la disposition des planches vous saute aux yeux.

Du texte, énormément de texte, une majeure partie en caractères d'imprimerie, le reste en cursive, qui cerne, noie une quantité d'illustrations de dimension variable.

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Le roman graphique, vu par Posy Simmonds, c'est un roman écrit et dessiné dont la lecture, sur une centaine de pages ultra denses, vous prendra plusieurs heures : comme un roman classique, en fait.

Tamara Drewe, publié en 2007, est une réussite imparable (voir ma critique sur le site), ayant donné lieu à une adaptation cinématographique fidèle et très réussie, avec Gemma Arterton dans le rôle titre).

Huit ans plus tôt (en 1999 donc, bravo pour le calcul !), Posy Simmonds se lançait donc dans ce Gemma Bovery qui était déjà une prouesse littéraire incomparable (le livre sera également adapté au cinéma avec Gemma Arterton en héroïne).

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Jouant constamment sur un parallèle/décalque du roman de Gustave Flaubert Madame Bovary, elle flirte sans cesse avec l'intelligence du lecteur, la finesse de ses sentiments.

Paradoxalement, en jouant sans cesse avec le livre de Flaubert, elle parvient à le magnifier, en tirer une version plus nerveuse, moderne, excitante.

J'avoue avoir toujours trouvé le roman de Flaubert terriblement surestimé : Gemma Bovery en est, en quelque sorte, la version accomplie !

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Sachez enfin que l'album débute par un splendide cahier graphique d'une douzaine de pages, et que le dénouement de la vie de l'héroïne, imaginée par Posy Simmonds, possède une saveur ironique qui n'a rien à voir avec l'original.