La femme aux cartes postales
La Pastèque
La femme aux cartes postales
La Pastèque
Le pitch
1957. Rose quitte sa Gaspésie natale en laissant derrière elle une lettre sur son oreiller. Elle n'a qu'un rêve en tête : briller sur les scènes des prestigieux cabarets de la métropole.
A cette époque, Montréal est un haut lieu de la vie nocturne et l'une des escales obligées des plus grands jazzmen. Les nightclubs brillent de tous leurs feux et la mafia fait des affaires d'or. Mais l'arrivée du rock'n'roll, de la télévision du jeune maire Drapeau va sonner le glas de cet âge d'or.
2002. En Gaspésie, un étranger vient d'acquérir une maison abandonnée mise aux enchères ; photos aux murs, vieux piano désaccordé, et au fond d'un placard, un terrible secret de famille...
Mon avis
Des BD québecquoises, je n'ai pas l'habitude d'en lire tous les jours, Magasin général, la délicieuse saga de Loisel et Tripp restant jusqu'à ce jour ma meilleure expérience en la matière.
C'est donc avec un plaisir et une curiosité toute particulière que j'ai attaqué ce très épais roman graphique dessiné par Jean-Paul Eid (l'auteur de la série Jérome Bigras).
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La couverture réaliste, en noir et blanc, une chanteuse et deux musiciens de jazz avec tous les codes des années 50, reflète parfaitement le contenu et l'atmosphère de l'album.
Dans un aller-et-retour constant entre le début du nouveau millénaire et la fin des années 50, les auteurs nous entraînent sur la piste d'un drame familial vieux d'un demi-siècle.*
Toutes les scènes qui se déroulent dans le passé baignent dans le jazz, puisque les héros - un trio - jouent et chantent sans cesse dans des lieux de plus en plus prestigieux, au fur et à mesure que le succès s'installe.
Après, le mouvement atteint sa plénitude puis, peu à peu, décline sous la pression du rock qui s'impose et envahit tout.
Les graphismes réalistes en noir et blanc, mais tout en volumes plein de douceur, et la reconstitution des décors de l'époque, les clubs de jazz, les costumes, les coupes de cheveux, les voitures : c'est une plongée nostalgique dans une époque et une atmosphère qui ne pourra que séduire les amateurs de jazz et des 50's.
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Les dialogues sont en français québécois. C'est parfois drôle, parfois à la limite du compréhensible, un peu comme dans les premiers films de Jean-Marc Vallée.
En tous cas, cela ancre le récit de manière très précise, même si l'histoire fera des détours par les Etats-Unis et Cuba, au moment de la révolution castriste !
Même si c'est volontaire, le rythme particulièrement lent de l'histoire donne l'impression que l'ensemble traîne parfois un peu en longueur, avec certaines scènes un peu redondantes. Heureusement,le scénario est habile et les switchs de fin très réussis.
J'ai cependant un reproche important à faire aux deux auteurs : l'idée de laisser l'ensemble de l'album en noir et blanc est selon moi une erreur.
Deux époques éloignées de près de 50 ans, mais jamais de rupture stylistique dans le récit et dans les graphismes, lors des nombreux aller-et-retours entre le passé et le présent...
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Dès le milieu de l'album, il m'est apparu évident que les scènes se déroulant en 2002 auraient dû être mises en couleur.
Passé: noir et blanc; présent : couleurs. Comme la télévision et le cinéma. Le récit aurait gagné en compréhension, en beauté formelle, et en signification.
Mais que cela ne vous empêche pas de faire un détour du côté de là-bas, comme on dit, car l'ensemble est vraiment sympathique !
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