Et c’est ainsi que nous vivrons

Douglas Kennedy

Belfond

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Le pitch

2045. Les États-Unis n'existent plus, une nouvelle guerre de Sécession en a redessiné les frontières. Sur les côtes Est et Ouest, une république où la liberté de mœurs est totale mais où la surveillance est constante. Dans les États du Centre, une confédération où divorce, avortement et changement de sexe sont interdits et où les valeurs chrétiennes font loi. Les deux blocs se font face, chacun redoutant une infiltration de l'autre camp.

C'est justement la mission qui attend Samantha Stengel. Agent des services secrets de la République, cette professionnelle reconnue, réputée pour son sang-froid, s'apprête à affronter l'épreuve de sa vie : passer de l'autre côté de la frontière, dans un des États confédérés les plus rigoristes, sur les traces d'une cible aussi dangereuse qu'imprévisible.

Dans ces États désormais Désunis, Samantha devra puiser au plus profond de ses forces pour échapper aux mouchards de son propre camp et se confronter aux attaques de l'ennemi.

Mon avis

Si je reprends la bibliographie de Douglas Kennedy, j'arrive à un total de 26 romans en... 26 ans (et je ne compte pas la demi-douzaine d'essais - excellents - publiés par ailleurs).

Cela fait beaucoup, on sait à quel point le rythme des gros vendeurs de romans peut nuire à la qualité de leur production.

Cela se vérifie en partie avec Kennedy car, clairement, quasiment tous ses grands romans ont été publiés au cours des dix premières années de sa carrière.

Moyennant quoi, comme j'ai gardé pour cet auteur une tendresse toute particulière (certains de ses livres ont marqué ma carrière de lecteur), je me replonge par moment dans sa production récente et, parfois, je retrouve le plaisir de mes premières lectures.

Cela a été le cas avec Et c'est ainsi que nous vivrons, un titre remarquablement choisi puisqu'il constitue la phrase qui clôt de manière impressionnante le roman.

Douglas Kennedy a donc décidé de se mettre à la SF, et cela lui réussit plutôt puisqu'il développe ici un sujet qu'il "triture", "travaille" depuis des années en commentant l'actualité : la décadence sociale et morale de son pays, entre les aberrations du trumpisme et les excès du wokisme.

Les Etats-Unis, ce pays puissant et gigantesque progressivement écartelé entre une Amérique républicaine, profondément croyante, réactionnaire, et une Amérique démocrate, progressiste mais tenté par de terribles dérives moralisatrices.

Le pays des états côtiers contre celui des états du sud et du centre.

La dystopie qu'il développe et projette en 2045 est terrifiante, car elle est intellectuellement crédible.

Une sécession du pays qui écarte deux mondes profondément opposés, mais où il n'y a pas des gentils et des méchants, des gagnants et des perdants.

Ici, chacun doit payer le prix de son choix et subir, quoiqu'il en soit, la loi d'un choix moral et social.

Douglas Kennedy est un merveilleux conteur, et l'on pénètre très vite dans ce qui devient rapidement un thriller d'espionnage qui pourrait se situer pendant la guerre froide, à Berlin.

Même si l'intrigue manque, sur la longueur, franchement de densité, impossible de ne pas être fasciné par les projections de notre monde actuel, dans un futur qui fait froid dans le dos.

Si c'est ainsi que nous vivrons, alors Kennedy est un terrible augure !

Un roman parfait pour se distraire... tout en réfléchissant sur l'évolution de notre société.

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