La dernière réunion des filles de la station service
Le Cherche midi
La dernière réunion des filles de la station service
Le Cherche midi
Le pitch
Point Clear, Alabama. Après avoir marié la dernière de ses filles, Sookie Poole aspire à un repos bien mérité. Elle aimerait se consacrer enfin à elle, à son couple, faire avec Earle, son mari, les voyages dont elle rêve.
Mais elle doit encore compter avec sa mère, l’incroyable Lenore Simmons Krackenberry qui, à 88 ans, épuise les infirmières à domicile les unes après les autres. Si certains de ses coups d’éclat récents peuvent laisser penser qu’elle souffre de démence sénile, le diagnostic n’est pas aisé à établir car, toute sa vie, son comportement a été des plus excentriques.
Le jour où un mystérieux interlocuteur révèle à Sookie un secret de famille parfaitement inattendu, son existence vole en éclats, à commencer par ses rapports avec sa mère.
Afin de comprendre qui elle est vraiment, Sookie va alors se mettre sur la piste d’une femme exceptionnelle, Fritzi, qui, en 1940, tenait avec ses trois sœurs une station-service dans le Wisconsin. Le destin incroyable de Fritzi donnera-t-il à Sookie une nouvelle inspiration pour sa propre vie ?
Mon avis
Quand on aime, on ne compte pas : vieille sagesse populaire… A vérifier, car si j'ai aimé, adoré même, le second roman de Fannie Flagg paru il y a déjà trente ans, Beignets de tomates vertes, je commence à compter, en attendant un nouveau roman à la auteur de celui-ci.
Il y a deux ans, Miss Alabama et ses petits secrets ne m'avait pas totalement convaincu en raison d'un démarrage poussif. Et maintenant, je dois bien avouer que La dernière réunion des filles de la station service m'a carrément déçu. Sentiment qui ne correspondra pas forcément à celui de toutes les lectrices, mais... explications :
Sur une idée de départ originale, intéressante et sympathique (évoquer l'histoire peu connue du WASP, le White Airforce Service Pilot, l'unité de l'armée américaine regroupant pendant la seconde guerre mondiale les femmes pilotes d'avion), Fannie Flagg a développé un roman en deux temps (alternance entre un récit contemporain centré sur une héroïne, Sookie, et un le récit d'avant et pendant la guerre d'une famille d'immigrés polonais) qui ne fonctionne jamais complètement.
Attention : le texte ne manque pas de qualités, loin de là; le style est fluide, le sens des dialogues de FF est toujours présent, ainsi que sa capacité à développer chez ses lecteurs un sentiment d'empathie pour ses héroïnes; enfin, le ton, léger, alterne avec bonheur entre l'humour et des émotions sous jacentes. Mais par ailleurs...
D'une part, le texte manque cruellement de rythme (malgré un récit très - trop - haché en très courts chapitres) et de densité. L'auteur, en axant l'essentiel de son propos sur le personnage de Sookie, gâche en grande partie sa bonne idée de départ car, soyons clair, c'est bien l'histoire des années 40 qui est intéressante (mais elle ne démarre qu'à la page 270 !). 500 pages pour cette histoire ? Au moins 150 de trop !
D'autre part, les personnages principaux manquent cruellement d'épaisseur et frôle parfois la caricature convenue (ex : Lenore, archétype absolu de la "mère" insupportable de Sookie, a été vue et revue mille fois).
Enfin, j'ai fini par toucher du doigt un réel problème, un sexisme "à l'envers" que je signale très sérieusement : les romans de Flannie Flagg (les, car ce n'est pas la première fois que cela arrive) manquent de personnages principaux masculins, les quelques hommes présents dans l'histoire étant de simples faire-valoir sans épaisseur. Résultat volontaire ou involontaire, fruit de la vie personnelle de l'auteure (voir sa biographie par ailleurs) ? Je n'en sais rien.
Fannie Flagg, nouvelle star du feel good book (à 70 ans passé, elle écrit désormais un roman tous les ans) ? Peut-être, mais alors pour une clientèle essentiellement féminine. Alors, si vous êtes une femme, tentez votre chance ! (NB : que les choses soient dites :les phrases précédentes ne sont pas du sexisme à l'endroit !)
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