Deadwood

Pete Dexter

Folio

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Le pitch

"Ici, rien n'est normal, même le temps... Le jour de notre arrivée, on a vu deux hommes portant une tête humaine, en pleine rue... Un Mexicain avec celle d'un Indien, et une crapule qui louchait et qui s'appelait Boone May, avec la tête d'un hors-la-loi... "

La réalité du Far West, véritable genèse d'une nation, est l'un des plus grands romans noirs épiques de l'histoire humaine. Elle dit toute la violence brute d'un pays dominant à ce jour le monde. Fleuves de boue dans les villes, putes contaminées à la vérole par les trappeurs, chasseurs de primes devenus shérifs, viols, meurtres, ramassis de psychopathes, de chercheurs d'or fous et de mythomanes, de Chinois brûlés dans des fours à briques, d'incendies ravageurs et de personnages célèbres...

Deadwood raconte l'histoire d'un pays où la première chose à faire en se levant le matin est d'oublier ce qui est arrivé la veille...

Mon avis

Deadwood, pour les amateurs de séries américaines haut de gamme, c'est une référence, le top catégorie "western".

En trois saisons, HBO racontait de la manière la plus naturaliste possible une tranche de l'histoire de la ville de la ruée vers l'or du Dakota, la ville ou Wild Bill Hickok fut assassiné lâchement d'un tir dans le dos, la ville où fut enterrée Calamity Jane...

Ce n'est qu'en 2018, près de dix ans plus tard, que je découvris incidemment que la série était tirée d'un roman américain ma foi fort connu... outre-atlantique.

Je me suis donc plongé avec curiosité dans ce très épais roman (des heures et des heures de lecture !) pour revivre ou redécouvrir une partie du plaisir ressenti à la vision de la série. Avec le risque, courant dans ce cas là, d'être déçu.

Eh bien non : aucune déception ! Au contraire : même si Deadwood, le roman, est très éloigné de la série dans son déroulement, il résonne avec elle de façon étonnante par son état d'esprit, sa façon quasi documentaire de raconter ce qu'était au XIX° siècle une ville sortie de terre en quelques semaines pour accueillir les chercheurs d'or.

La crasse, les odeurs, la promiscuité, les pulsions sexuelles, la cupidité : le roman pourrait s'appeler Chroniques de Deadwood, tant le récit de Pete Dexter est une sorte de carnet historique de ce qui se passa alors dans la ville, quasiment de sa construction jusqu'à sa destruction (provisoire) par un gigantesque incendie.

L'auteur suit un grand nombre de personnages, tous haut en couleur, au fil des jours, des semaines et des mois.

Chroniques des bonheurs et malheurs d'hommes et de femmes à la trajectoire toujours étonnante : des aventuriers, des militaires, des entrepreneurs, des acteurs; tenancier de saloon, maquereau, prostituées, tueurs en série, chinois, indiens... la liste est longue, étonnante. Sans oublier Calamity Jane, une femme bien loin de la légende.

Et au centre, Charley, le héros informel de l'histoire, le compagnon de route de Bill Hickok. Personnage profondément humain, touchant...

Même si le rythme du roman est lent (il s'accélère au fil des pages) et que sa forme, sans colonne vertébrale scénaristique clairement établie, pourra en dérouter certains, je vous avouerai être sorti des 600 pages avec regret, presque triste d'abandonner tous ces destins hors du commun.

Là est toute la force de Pete Dexter : sa capacité à faire vivre, exister, des personnages historiques.

Chaudement recommandé.

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