Le pitch

Avec la poésie, la noirceur et l'imaginaire d'un Edgar Allan Poe, Ersin Karabulut nous dresse le portrait d'une société qui a renoncé à ses illusions face au carcan familial et aux pouvoirs politiques et financiers.

Mon avis

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de lire un album de BD dont l'auteur - dessin et scénario - est turc.

Et ici, en l’occurrence, c'est une chance, car l'ouvrage est sacrément bon !

L'album est publié par les éditions Fluide glacial, ce qui a pour une fois vraiment du sens, car Karabulut, un jeune auteur plein de mordant, se situe tout à fait dans la veine des grands aînés qui ont fait l'histoire de Fluide.

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Tiens : par exemple, comment ne pas être confondu par les ressemblances entre le dessin et les thèmes développés dans ces 15 histoires courtes (d'une longueur moyenne de cinq planches) et l'oeuvre du grand Foerster, l'auteur de Certains l'aiment noir ?

Même si Foerster travaillait essentiellement le noir et blanc, ces dessins modelés, organiques, privilégiant le grotesque physique se retrouve presque trait pour trait dans les dessins de Karabulut.

Excroissances de chair malsaines, déformations obscènes : impossible également de ne pas sentir l'influence des films de David Cronenberg dans ces courtes histoires qui naviguent entre le noir, le très noir, l'horrible, l'absurde et le fantastique... tout comme celles de Foerster !

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Nombre de commentateurs font remarquer à quel point les histoires de Karabulut permettent à l'auteur de faire passer les critiques les plus dures sur le régime turc.

Sans doute, mais je trouve les propos développés, lorsqu'ils touchent à l'oppression, à la singularité, à l'identité, tout à fait universels.

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Bref : l'ensemble est visuellement superbe (et atroce), car le jeune auteur a un sacré coup de patte, et intellectuellement aussi stimulant qu'une bonne rasade de vitriol de derrière les fagots.

Vous l'avez compris : c'est une lecture recommandée.

Mais attention : ce n'est surtout pas pour les enfants, ni pour les âmes sensibles !