Comment je suis devenu Duchess Goldblatt
Editions de la table ronde
Comment je suis devenu Duchess Goldblatt
Editions de la table ronde
Le pitch
Éditrice dans une maison d'édition sur le point d'être rachetée, la narratrice de ce livre était au fond du trou. A ce moment de sa vie, la liberté de l'anonymat, l'univers encore inexploré des réseaux sociaux et l'envie d'échapper à une vie qui se délitait la pousse à se créer Duchess Goldblatt, un avatar, celui d'une vieille dame de 81 ans, originaire de Klein, au Texas, et résidant à Crooked Path, dans l'État de New York, auteure de best-sellers.
Avatar qui prendra bientôt le pas sur sa créatrice, semblant s'exprimer d'elle-même sur la Toile à travers de délicieux tweets pareils à des haïkus, et répondant avec une bonté nouvelle, une sagesse méconnue, aux messages de ses abonnés toujours plus nombreux. Le cercle d'admirateurs - 55000, quand même ! parmi lesquels le chanteur Lyle Lovett et nombre d'écrivains - qui s'est formé autour de Duchess depuis 10 ans, est en quelque sorte devenu celui de la narratrice, lui redonnant goût à la vie. Leurs deux histoires se mêlent dans ce livre à l'humour décapant, qui célèbre à la fois le pouvoir des mots et la joie d'écrire.
Mon avis
Une fois de temps en temps, au fil de mes innombrables lectures, je tombe sur un livre qui ne ressemble à aucun autre.
C'est ce qui m'est arrivé, un peu par hasard, en ouvrant Comment je suis devenu Duchess Goldblatt.
Attiré par le titre, déjà assez particulier, je suis tombé dès la première page sur un texte inclassable.
Bizarre. Différent. Spécial. Unique. Original. Et délicieusement réussi.
Duchess Goldblatt n'est pas à proprement parlé un roman. Ce n'est pas non plus une autobiographie, pas plus qu'un essai. Duchess est peut-être plus une forme d'autofiction, mais pas dans le sens habituel du terme.
Mais, quoiqu'il en soit, c'est une œuvre littéraire parfaitement maîtrisée sur la forme et, sur le fond, vraiment porteuse de sens.
Bien. Une fois ceci dit, comment vous expliquez...
L'auteure est la narratrice. Et elle est double, puisqu'elle est, d'une certaine manière, tout autant la femme anonyme dont la vie est partie en quenouille (mari, enfant, amis envolés, sans qu'elle comprenne un instant pourquoi), que la star de Twitter au 50 000 followers passionnés, au nom improbable et au visage inspiré par le tableau de Frans Hals figurant en couverture du livre.
La narratrice femme anonyme raconte son désarroi profond, puis sa renaissance progressive grâce à la création et au succès de son double dont les tweets parsèment le livre (près d'une centaine en tout).
Les tweets de la Duchess Goldblatt sont de petites pièces d'orfèvrerie absurdes, fortement surréalistes mais également porteuses de sens. Ce sont eux qui ont fait le succès de la Duchess, et pourtant ce n'est pas là l'intérêt principal du livre.
Le récit de la narratrice (teinté fortement de références culturels américaines, qui dérouteront nombre de lecteurs peu familiers des Etats-Unis) est en effet, en lui-même, un texte littéraire de fort bonne facture qui parvient, à de multiples reprises, à toucher le lecteur (j'ai été, pour ma part, plusieurs fois très ému lors de ma lecture).
La troisième épaisseur de sens du texte est constitué, sans que cela soit ainsi clairement exprimé, par des réflexions sur le sens de la vie et la meilleure manière de l'affronter.
Combattre le destin et les aléas de l'existence par la résilience et le combat ?
C'est justement ce que propose d'éviter l'auteure, qui nous transmet peu à peu le message de Duchess Goldblatt : pour bien vivre, mieux vieillir, ne cédons jamais à la facilité et opposons toujours aux duretés de la vie la force de la bonté et de la bienveillance à l'égard des autres, même ceux qui, apparemment, ne le méritent pas.
Je n'en dirais pas plus : lisez donc ce foutu bouquin, nom d'une bibliothèque ! Acheter sur Amazon