Chroniques de Jérusalem

Guy Delisle

Delcourt

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Le pitch

Guy Delisle et sa famille s'installent pour une année à Jérusalem.

Mais pas évident de se repérer dans cette ville aux multiples visages, animée par les passions et les conflits depuis près de 4 000 ans.

Au détour d'une ruelle, à la sortie d'un lieu saint, à la terrasse d'un café, le dessinateur laisse éclater des questions fondamentales et nous fait découvrir un Jérusalem comme on ne l'a jamais vu.

Mon avis

Fauve d'or du meilleur album au festval d'Angoulême 2012.

Après ses trois romans graphiques - Shenzen, Pyongyang et Chroniques birmanes -, chroniques consacrées à ses séjours en Asie au cours de la première décennie du siècle, le québecquois Guy Delisle entreprend en 2011 de raconter son année passée en Israël, alors qu'il accompagnait (avec ses enfants en bas âge) sa femme, cadre dans une association humanitaire.

Comme dans ses précédents ouvrages, l'auteur déroule, sous forme de chroniques, effectivement, les événements qui ponctuent au jour le jour sa vie d'expat' très décalé.

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Chroniques de Jérusalem

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Comme il travaille "à la maison", son rythme de vie et ses occupations quotidiennes ressemblent un peu à celle d'une femme au foyer qui accompagnerait son mari cadre dans un pays étranger.

Cela lui permet de voir les choses autrement, à côté, une sorte de promenade derrière le décor.

Et dieu sait (l'expression n'a jamais été mieux appropriée qu'ici !) qu'à Jérusalem, il y a du dit, et énormément de non dit !

Le principal intérêt de l'album se situe, comme pour les précédents, dans le travail quasi journalistique accomplit par l'auteur.

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Chroniques de Jérusalem

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Sans donner l'air d'y toucher, il sillonne la ville et l'état en guerre, note et croque ce qu'il voit, raconte ses impressions avec une candeur un peu forcée qu donne un ton décalé et un brin humoristique à des descriptions fondamentalement déprimantes.

Difficile de suivre la complexité de la situation israélienne pour quelqu'un qui, comme moi, ne maîtrise pas bien le sujet.

Mais c'est ce qui est vraiment plaisant dans cet album : au bout de 350 planches, le lecteur a l'impression de comprendre un peu mieux les tenants et les aboutissants de la situation en Israël.

Je dois cependant aussi parler de ce qui m'a gêné, et même ennuyé dans cet album (qui aime bien, châtie bien !).

Premier point, essentiel : j'ai vraiment un peu de mal avec le style graphique de Guy Delisle.

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Chroniques de Jérusalem

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Volontairement (j'imagine) simpliste, voire schématique, son dessin "naïf" (dans le sens artistique) du terme, m'avait déjà un peu gêné dans les ouvrages précédents (sans compter l'absence totale de couleurs).

Mais ici, j'ai trouvé le trait trop inégal (les premières dizaines de planches sont franchement moches, heureusement, on note une nette amélioration au cours des chapitres) et imprécis pour ne pas être gêné l'objectif de Delisle : informer.

Deuxième point : ces chroniques sont trop longues et décousues pour convaincre complètement. 350 planches sans aucun fil directeur : il y a un problème.

Je vous invite à prendre comparaison avec la série de quatre volumes (à ce jour) constituant L'arabe du futur, les chroniques d'enfance de Riad Sattouf en Orient. Vous verrez à quel point la scénarisation d'un récit sur une aussi longue distance lui apporte un énorme plus, d'où un énorme succès commercial parfaitement mérité.*

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Chroniques de Jérusalem

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Dernier point : je sais que le sujet ne s'y prêtait pas, mais le ton de ces chroniques manque un peu de ce qui faisait le sel des récits précédents : cet humour discret et cette capacité à l'auto-dérision que l'on retrouve peu ici. Delisle se met toujours en situation, mais d'une manière moins distanciée. Dommage.

Diantre, palsambleu ! Allez-vous me dire maintenant. Que de réserves ! Ce que à quoi je vous répondrais en toute franchise (vous me connaissez...) : pas de doute, mes attentes ont été un peu déçues.

Mais si la situation israélienne est un sujet qui vous touche de près, vous devez lire cet album, sans le moindre doute.

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