Le pitch

Un après-midi. Une réception dans une maison. Le grand-père est assis dans un fauteuil, l'air absent. La mamie n'est plus là. On comprend que c'est pour toujours. Le petit-fils va et vient au milieu des adultes, perdu au milieu de ces corps trop grands. Il s'échappe dans la campagne. Commence alors une balade en forme de rêverie, où aux scènes magnifiques de la nature enneigée, se mêlent les souvenirs d'une grand-mère aimée tendrement : le cours de la rivière rappelle le flot de ses longs cheveux, une pomme de pin évoque son chignon bien coiffé, les arbres enchevêtrés ses doigts noueux et vieillis...

Ce livre pourrait être triste et pourtant il est tout l'inverse : la beauté du trait de Pierre-Emmanuel Lyet, ses couleurs scintillantes viennent sublimer le deuil du petit enfant et le transforment en une ode joyeuse et universelle à la mémoire de ceux qu'on aime. Une pépite !

Mon avis

En fait, je n'ai pas grand chose à rajouter au pitch de l'éditeur qui - pour une fois ! - parvient à résumer l'histoire avec précision, mais aussi à transcrire l'intention de l'auteur et à traduire le ressenti des lecteurs.

Rares sont les albums pour la jeunesse - y compris les tout-petits -, qui ont su aborder avec délicatesse et émotion le sujet du deuil.

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Trop souvent, on pense que, lorsque l'enfant est tout jeune, il faut l'écarter d'une disparition dans la famille, le mettre à l'écart, pour l'épargner, le préserver.

C'est, à mon sens, une grande erreur car, quel que soit l'âge de l'enfant (à l'exception des moins de trois ans, je pense), il est important de les confronter (avec toute la douceur nécessaire) à  la mort, à l'absence, à la tristesse de la perte d'un être cher.

L'enfant doit faire son deuil, comme les adultes.

Mais cela ne signifie pas que ce processus ne doit être que tristesse, au contraire !

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C'est ce que montre et explique avec une infinie subtilité Pierre-Emmanuel Lyet qui parvient à introduire dans son récit une note puissante de douceur et d'espoir.

Chez cet auteur, tout passe par le dessin et par la couleur.

Les tableaux - car ce sont des tableaux - faits aux crayons de couleurs sont tout simplement merveilleux. Ou plutôt : ils sont de plus en plus merveilleux, au fur et à mesure que l'on avance dans l'histoire et que l'émotion gagne le tout jeune héros, mais aussi le lecteur.

La deuxième partie de l'album est extraordinaire, avec des paysages de neige sous le soleil qui vibrent de lumière et de couleurs.

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D'immenses dessins en double page - grâce au format spécial de l'album, un album quasiment carré, grand format (28*30 cm) - dont certains mériteraient d'être encadrés et accrochés aux murs de mon salon (ou du vôtre, à la rigueur, car je ne pourrais acheter tous les originaux !).

Un album jeunesse de l'année, à garder bien au chaud...