Catherine la Grande

Henri Troyat

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Le pitch

Quelle irrésistible ascension que celle de la petite princesse allemande Sophie d'Anhalt-Zerbst, née en 1726, et qui, à trente-six ans, accède au trône de Russie sous le nom de Catherine II ! Eprise de la culture française, mais ayant appris le russe pour mieux comprendre son peuple, libérale dans ses amitiés - Voltaire, Diderot, d'Alembert - mais autocrate en son gouvernement, pudibonde en paroles mais d'un insatiable tempérament, travailleuse acharnée mais aimant les enfants, les arbres, les animaux... telle fut Catherine la Grande.

" Ce roc de volonté est d'une structure complexe ", écrit à son sujet Henri Troyat, et il fallait son acuité d'analyse pour en dévoiler tant d'aspects réconciliés dans un extraordinaire goût de vivre et de régner.

Mon avis

Les très grands biographes sont souvent aussi de grands auteurs de fiction. Trois exemples, parmi d'autres ? Stefan Zweig, André Maurois et Henri Troyat.

Véritable polygraphe forcené, jusqu'à la fin de sa longue vie, Henri Troyat s'était fait une spécialité de la Russie (son pays de naissance), au travers de ses passionnantes sagas romanesques (comme Les semailles et les moissons) et de ses nombreuses biographies d'auteurs et de grandes figures historiques.

Sur la fin de sa vie, alors qu'il avait dépassé les 80 ans, la machine s'est à mon avis un peu enrayée, en termes de qualité, mais avec Catherine la Grande, en 1977, il entamait un cycle de grandes biographies indispensables.

Au delà de la qualité de sa documentation (tout au long des 600 pages du volume, on perçoit le travail effectué par l'auteur sur les mémoires et les récits laissés par les contemporains de la tsarine) et de ses talents de conteur, il faut bien dire que le sujet lui-même est absolument passionnant.

Catherine II fut peut-être - probablement - la plus grande figure féminine dirigeante de l'histoire moderne.

Plus de deux siècles après sa mort, elle fascine toujours autant, tant elle sut mettre en avant un féminisme tout à fait étonnant pour son époque.

Voilà une femme qui avait des couilles, si vous me permettez l'expression !

Il est même fascinant de voir à quel point son comportement "machiste à l'envers" finit par la desservir tout au long de son règne, tant elle était dépendante et tributaire de son goût pour les hommes, au point de confier à quelques favoris sans talent autre que celui de la satisfaire au lit des responsabilités considérables !

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Grégori Orlov, le grand amour de Catherine II

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Les deux premiers tiers du récit sont absolument passionnants, digne d'un bon roman à suspens.

Henri Troyat montre alors comment, à force de volonté et d'habileté, cette princesse allemande sut déjouer tous les pièges des intrigues de  palais, face à des personnages à priori mieux placé qu'elle, pour accéder finalement au pouvoir absolu.

Sa volonté et sa capacité à agrandir la Russie, à coup de négociations... et de guerres sont impressionnantes, et le récit de ses voyages (notamment dans le golfe persique) vraiment étonnant.

Paradoxe vivant, Catherine II était passionnée par les idées du siècle des lumières et la pensée des plus grands philosophes français; pourtant, elle ne fit pas avancer d'un pouce la Russie sur le plan des mœurs et des droits de l'homme.

Les derniers chapitres présentant un intérêt plus limité, puisqu'on voit la figure s'affaisser peu à peu, avec l'âge, mais 35 ans de règne, au XVIII° siècle, c'est tout de même très impressionnant.

Une grande biographie par un grand auteur, sur un grand sujet... que demander de plus ?!

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