Canoë Bay
Daniel Maegen
Canoë Bay
Daniel Maegen
Le pitch
Jack, un jeune orphelin acadien, se retrouve enrôlé de force par la marine marchande britannique.
Il est, parmi des milliers, une victime du “Grand dérangement”, épisode douloureux de l’histoire américaine, au cours duquel les anglais déportèrent les habitants de l’Acadie vers leurs colonies de la côte Atlantique.
Canoë Bay retrace l’histoire de cet enfant soumis aux terribles conditions de la vie sur le “Virginia”, dont l’équipage, composé d’anciens bagnards emmenés par le bien nommé “Lucky Roberts”, se mutine bientôt.
Devenus pirates, Jack et les siens devront apprendre à se méfier des Anglais, des Français, et de quelques “faux” frères de la côte...
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Mon avis
Vous avez certainement vu, remarqué, eu l’œil attiré par cet album, un jour ou l'autre.
Difficile de ne pas être intrigué et séduit, même de loin, par cette couverture magnifique, une illustration à l'aquarelle tout dans les bleus profonds, ciel et mer mélangés, avec la silhouette d'un trois mats, la coque plongée dans la brume et, en premier plan, un canoë manœuvré par deux indiens.
Eh bien, il ne faut surtout pas jouer les timides, il faut absolument ouvrir l'album et se plonger dans cette orgie de planches superbes !
Car la couverture est une sorte de condensé de cette histoire en un volume, un "one shot" comme l'édition BD n'en fait plus assez.
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C'est dans une véritable galerie de peinture que vous allez pénétrer : 76 planches multiplié par une moyenne de... disons cinq vignettes par planche, cela signifie 500 tableaux, petits, moyens, grands.
500 aquarelles où le talent de dessinateur et d'aquarelliste de Patrick Prugne explose, affranchi des cadres et encrages de la BD classique*.
Dans l'univers de Patrick Prugne, pas de cadre pour les vignettes, pas d'encrage pour le pourtour des bulles, un peu comme dans Le château des étoiles d' Alex Alice, critiqué par ailleurs sur le site.
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Vous vouliez découvrir l'Amérique primitive d'avant l'indépendance ? Vous avez gagné !
L'auteur vous fait grimper dans sa machine à remonter le temps et vous voilà, en pleine nature, en mer, en montagne, dans la forêt, en automne ou dans la neige du nord du pays, au milieu des animaux, des indiens, des pirates...
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C'est constamment superbe et, rien que pour cela, il faut acheter l'album (et tous ceux que Patrick Prugne a publié depuis, qui tout aussi spectaculaires).
Quant au scénario de Tiburce Oger, il ne manque pas de qualités.
Personnages attachants, documentation historique précise, une manière d'aborder certains faits historiques assez rarement exploités jusqu'alors par la BD...
Tout juste peut-on reprocher à l’histoire un manque de densité et une trop grande linéarité mais, je vais être honnête, cela n'a pas trop d'importance car j'ai passé surtout beaucoup de temps à regarder les illustrations !
Oyez, oyez, gentes dames et gentils messieurs : un grand artiste nous est donné ! Découvrez-le !
* d'après sa biographie, c'est avec cet album qu'il s'est lancé dans cette technique, incroyable !
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