Bye Bye Blondie
Grasset/Le livre de poche
Bye Bye Blondie
Grasset/Le livre de poche
Le pitch
« Une fille qu’on rencontre en HP n’est pas une fille qui rend heureux. Il voulait jouer contre le reste du monde, avoir raison contre toutes les évidences, il pensait que c’était ça l’amour. Il voulait prendre ce risque, avec elle, et qu’ils arrivent sur l’autre rive, sains et saufs. Mais ils réussissent juste à s’entraîner au fond. Il est temps de renoncer… »
Gloria a été internée en hôpital psychiatrique. Contre toute attente, la punkette « prolo » y a rencontré Éric, un fils de bourgeois aussi infréquentable qu’elle ; ils se sont aimés comme on s’aime à seize ans. Puis la vie, autant que les contraintes sociales, les a séparés. Vingt ans après, à nouveau, leurs chemins se croisent.
Portrait d’une femme blessée aux prises avec ses démons, traversée des années punk, chronique d’un amour naufragé, Bye Bye Blondie est sans doute le livre le plus émouvant de Virginie Despentes.
Mon avis
Virginie Despentes fait partie de la liste - oh combien limitée ! - qu'un lecteur découvre par un bout - un titre - puis, conquis, séduit ou simplement intrigué, ne peut s'empêcher de revisiter toute sa bibliographie, peu à peu.
Dire que j'ai commencé par la fin, en 2015, avec Vernon Subutex, n'a rien de bien glorieux pour un lecteur compulsif.
Mais, après tout, il n'y a pas de honte à passer à côté d'un(e) auteur(e) pendant des années, le principal est de s'en rendre compte et de le reconnaître !
Donc : j'avoue, j'ai pris Despentes à rebrousse-temps.
Sans regret, et même avec beaucoup de ce plaisir acide que connaisse bien ses lecteurs.
Donc, cette semaine, après Teen spirit et King Kong Théorie, j'en étais à Bye bye Blondie.
Je suis ressorti de la lecture de ce court roman assez bluffé.
Un peu assommé, secoué sans doute, comme après un bref passage dans un shaker.
Trois ou quatre heures sous électrochoc, cela secoue, indubitablement.
Chacun connait le parcours justement très secoué de Virginie Despentes, et nul n'aura besoin de s'interroger sur la manière dont elle a tiré l'inspiration de ce roman.
Gloria, c'est une image brouillée de VD, puissance trois : punkette dezonée, affranchie de toute convention sociale, autodestructrice, bordeline.
Une catastrophe pour tout son entourage (même si elle n'en n'a plus beaucoup), mais surtout pour elle.
Car c'est tout doucement vers la fin d'elle-même qu'elle se dirige, jusqu'au jour où elle rencontre l'amour auprès d'un garçon (presque) aussi paumé qu'elle.
L'amour, chez une jeune punk dezonée, ce n'est finalement pas très différent de chez les autres êtres humains.
On y retrouve la même surprise, les mêmes aspirations, les mêmes naïvetés.
Quand Gloria perd Eric, on se dit qu'elle est finie; mais non, car paradoxalement, chez Despentes, il y a toujours de l'espoir.
Dans un récit à deux étages temporels, l'auteure nous fait découvrir avec sa maîtrise narrative habituelle (quelle conteuse !) ce que la vie peut réserver, même aux plus désespérés.
Et lorsque le récit s'achève, sur une note que l'on pense définitivement noire, pointe à l'horizon quelque chose qui ressemble fort aux derniers feux de cet espoir à la Despentes.
La fin du roman est magnifique.
Rien que pour ça, un des meilleurs romans français du siècle en cours. Sans blague.
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