Aux femmes
Belleville Editions
Aux femmes
Belleville Editions
Le pitch
Sayed reste plus souvent le confident que l’amant de ces dames. À l’aube de ses trente ans, ce fils de menuisier, qui n’a jamais quitté l’atelier familial au pied de la mosquée Ibn Touloun, fait le point sur les femmes de sa vie.
De Rouheyya, une amie de sa mère qui l’enveloppe de sensualité jusque dans les vêtements qu’elle lui confectionne, à Salwa, l’épouse qu’il n’a jamais aimée… L’amour reste une quête inachevée.
Façonné, modelé par ces figures féminines, Sayed les observe et les évoque non sans douleur et questions. Ce sont elles qui par leur mystère créent son identité d’homme et lui inspirent le sens de la vie.
Mon avis
Et si je vous proposais une plongée dans la littérature égyptienne ?
J'imagine que, tout comme moi, votre connaissance en la matière est assez limitée... et c'est un tort, car de jeunes auteurs égyptiens, il y en a, et des sacrément bons !
La preuve avec ce court roman publié par la jeune maison Belleville Editions, à qui revient le mérite insigne d'aller fouiller et dénicher ailleurs ce que les grandes éditeurs installés ne proposent pas forcément au marché français.
Aux femmes (dont le sous-titre me parait superfétatoire, car inutilement explicatif et redondant avec l'essence même du roman : c'est la seul critique que je porterai aujourd'hui sur cette publication à la couverture magnifique), c'est deux cents pages du portrait d'un homme, vu sous le prisme de sa relation avec les femmes.
Un récit à la première personne, une série de courts chapitres, dont chacun porte un titre : un prénom féminin.
Comme une autobiographie par défaut, Sayed raconte les femmes de sa vie, de sa plus tendre enfance, jusqu'à sa maturité.
Sa mère, bien sûr, mais surtout les personnes du sexe opposé qui, à un moment où à un autre de son existence, ont compté. Le temps d'un regard, d'un croisement dans la rue, ou sur plusieurs années.
Amours, amitiés, respect, fascination, rejet : ce sont toutes les facettes des relations qu'un homme et une femme peuvent établir qu'explore Hamdi Al-Gazzar avec une subtilité fascinante, troublante.
Bien entendu, la toile de fond à son importance dans le récit : le Caire, cette ville tentaculaire, étonnante, bruit, soleil, poussière que je connais assez bien pour m'y être rendu à plusieurs reprises à l'époque où se situe la majeure partie du récit. La condition féminine. L'éducation.
Mais ces points, relevés par tous les commentateurs du livre, ne me paraissent pas si importants que cela car, le cœur du livre, c'est vraiment la relation homme/femme, et ce sujet est universel.
Tout le sel du roman vient de la qualité exceptionnelle de la langue.
Un style d'une fluidité confondante, terriblement sensuelle dans sa subtilité.
Bravo à la traduction de Françoise Neyrod qui a su traduire la poésie de ce que j'imagine (ne la parlant et ne la lisant pas) être la langue arabe littéraire, dans toute sa noblesse.
Homme, femme : qui que vous soyez, faite honneur à ce délicieux roman en vous en portant acquéreur, pour lui donner sa chance en France.
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