Autant en emporte le temps

Ward Moore

Denoël

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Le pitch

L'Amérique en 1938. Le Sud, où les Noirs sont toujours esclaves, est prospère. Il impose une dure tutelle aux États du Nord, où végète une population famélique. Au-dehors, la France de Napoléon IV, l'Espagne de Sa Majesté Très Catholique et l'Empire germanique règnent sur l'Europe.

Pourquoi ? Parce qu'en 1863, ce sont les Sudistes qui ont remporté la guerre de Sécession. Mais un équipe de scientifiques met au point une machine qui permet de voyager dans le temps et un jeune historien va se promener du côté de Gettysburg, lieu de la bataille qui a changé le cours de la guerre, pour y vérifier un point d'histoire. Or l'histoire tient à peu de chose...

Mon avis

Ecrit en 1955, Autant en emporte le temps est probablement un des premiers romans développant de manière claire, consciente et détaillée une uchronie.

Ce roman malin et bien écrit imagine la réalité alternative la plus évidente, pour un américain, celle où les états confédérés - les états du sud - ont gagné la guerre de sécession.

Tout l'intérêt du pari littéraire de Ward Moore est de décrire, de manière extrêmement précise et détaillée, le monde tel qui aurait pu l'être si ces états, dont l'économie reposait essentiellement sur l'agriculture intensive permise par l'esclavagisme et une main d'œuvre quasi gratuite, avaient pris le pas sur les états du nord, industriels, ouverts sur le monde et progressistes.

Le résultat est saisissant : les Etats-Unis - les états vaincus - vivent dans la misère, avec une société et une économie figées depuis 1860, alors que les états du sud prospèrent.

Bien évidemment, le reste du monde n'a pas du tout évolué comme le nôtre, mais je vous laisse le plaisir d'en découvrir vous même le détail !

L'exacte première moitié du livre s'attache à faire vivre cette uchronie, et c'est la plus réussie car Ward Moore parvient à construire un monde alternatif vraiment crédible.

Une réalité fascinante : la perte ou le gain d'une simple bataille pourrait modifier le destin de l'humanité !

La seconde moitié, moins convaincante, s'éloigne du thème principal - l'uchronie - pour imaginer la fabrication d'une machine à remonter le temps avec, au bout, la question fondamentale : peut-on changer l'histoire en touchant le passé ?

Elément le plus remarquable de cette fin de roman : le personnage de Barbara, une femme scientifique de génie mais dont le tempérament volcanique, caractériel, détonne complètement dans ce monde des années 50 encore si misogyne.

Un roman à découvrir, pour sa valeur littéraire historique : sans lui, le principe de l'uchronie ne serait peut-être pas celui que nous connaissons !

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