Astérix légionnaire
Hachette
Astérix légionnaire
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Le pitch
Obélix n'a plus d'appétit, il est comme absent, au point de ne pas voir les arbres devant lui qui s'écroulent sur son passage, au grand désarroi d'Idéfix. Que se passe-t-il ? Il est a-mou-reux !
Seulement voilà que Falbala, la belle Gauloise élue de son coeur, pleure son fiancé Tragicomix, enrôlé de force dans la légion romaine.
Pour noyer son chagrin, Obélix décide de s'engager à son tour dans la Légion, avec son ami Astérix, histoire de montrer à Falbala combien il est courageux.
Les histoires d’amour finissent mal, en général…
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Mon avis
10ème tome des aventures d'Astérix et Obélix, publié en 1967.
Nous sommes clairement dans la phase magique de l'épopée Astérix, à une époque où Goscinny et Uderzo carburaient comme des malades, à raison d'un album tous les six mois.
Comment Uderzo parvenait-il alors à dessiner deux planches par semaine aussi parfaites ? Mystère et miracle !
Les dix premières planches se passent dans le village gaulois, avec un pitch de départ fabuleux.
L'occasion d'introduire le personnage inoubliable de Falbala, la jeune femme au physique ravageur (Uderzo aime les femmes, cela se voit, il en a fait une vraie bombe !), et le gag génial d'Obélix, ce gros malabar maladroit, amoureux de la frêle beauté au point qu'il en perd l'usage de la parole (WKRSTKSFT !).
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La suite, c'est un road trip comme les aime René Goscinny.
Les deux compères vont de Lutèce à Marseille, puis traversent la Méditerranée pour entrer dans l'histoire - la vraie ! - et rejoindre César et ses légions qui combattent Scipion l'africain.
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L’histoire est pleine de rebondissements, au point que l'on sent très nettement que Goscinny a eu du mal à la faire tenir dans le cadre étroit mais obligé (à l'époque) des 48 planches. On serait bien allé jusqu'à 64 !
L'album est bourré de running gag, comme les affectionne Goscinny.
Le meilleur est probablement le malentendu qui poussent plusieurs étrangers à confondre l'engagement dans la légion avec l'inscription dans un camp de vacances, à une époque où le Club Méditerranée (comme on disait alors) est en train de révolutionner le concept des vacances à la françaises.
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Les pauvres légionnaires encadrant la troupe internationale de branquignols en perdent rapidement tous leur latin et s'effondrent en larmes, plongés dans une profonde dépression.
En fait, tout repose sur l'opposition entre "l'innocence" quasi enfantine des conscrits et le côté sérieux des "adultes" qui s'obstinent à s’entre-tuer.
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Astérix et Obélix sont avant tout de grands enfants : s'il fallait s'en convaincre, Astérix légionnaire en est la meilleure démonstration !
Petit détail : regardez le légionnaire belge, en bas de la planche 17, et dîtes-moi si sa coiffure houppette ne vous rappelle pas quelqu'un...
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Bonjour,
Je crois qu’avant tout, pour bien comprendre le sel d’Astérix légionnaire, il aurait peut-être fallu connaître le Service Militaire. En particulier du temps de Goscinny et Uderzo. Où pour des appelés un peu astucieux il était facile de dérégler l’ordre militaire, et surtout serré. Où les sous officiers d’active étaient souvent des anciens qui avaient fait la seconde guerre mondiale, l’Indochine et parfois l’Algérie et, qui, à leur décharge n’avaient plus d’autre avenir que dans les quinze ans de services pour avoir leur retraite militaire. De plus, l’Armée cadre réclamait beaucoup d’encadrement, et, à l’époque on n’était pas très regardant. Après, concernant les engagés volontaires, il y avait la fameuse formule engagez-vous, rengagez vous, vous verrez du pays ! Uderzo ayant fait son service militaire a été affecté a une unité de propagande et a mis ses talents au service de l’Armée. Du pays, il en ont vu mais parfois pas dans le sens souhaité. Astérix Légionnaire est une satyre de l’institution militaire ou chacun pouvait se retrouver. A cette réserve près que la guerre entre César et Pompée, pourrait-être une évocation lointaine de la guerre d’Algérie. A l’époque, Jacques Martinl’avait évoqué plus « sérieusement » dans ses premiers albums d’Alix.