Une anglaise à Paris
Petite biblio Payot
Une anglaise à Paris
Petite biblio Payot
Le pitch
"Je sais désormais que je ne pourrais plus supporter de vivre ailleurs qu'à Paris", écrivait juste après la guerre à son ami Evelyn Waugh l'aînée des excentriques soeurs Mitford.
Si ses oeuvres sont mondialement célèbres, beaucoup de ses lecteurs ignorent que Nancy vécut dans la capitale française de 1948 à 1966, puis à Versailles jusqu'à sa mort. Elle publia régulièrement dans divers journaux anglais des chroniques sur la vie parisienne et les Français en général, distillant au fil de la plume autant de causticité que de tendresse - le tout épicé par le gène Mitford, c'est-à-dire l'humour.
A sa francophilie naturelle s'ajoutaient ses sentiments contrariés pour le gaulliste Gaston Palewski. Beaucoup des thèmes évoqués dans ce recueil d'inédits sont d'une étonnante proximité, et le livre s'achève sur un journal de mai 1968 qu'on dirait tenu par une ethnologue britannique en pleine jungle.
Mon avis
Nancy Mitford était un personnage incroyable.
Issue d'une famille de dingues complètement secoués par la politique (je vous raconterai un jour, si vous le souhaitez, le destin tout à fait extraordinaire des six sœurs Mosley, qui se confond avec les grands soubresauts du XX° siècle), gâtée par les titres et l'argent, accablée depuis son plus jeune âge par l'atavisme snobinard et élitiste de sa famille, elle a réussi à survivre à tout cela pour mener une carrière littéraire exceptionnelle.
Tout ceci grâce à une intelligence et un humour hors du commun.
En dehors de ses grands romans à succès (A la poursuite de l'amour, L'amour dans un climat froid), elle n'a pas arrêtée, sa vie durant, d'écrire des articles de journaux, des lettres, des notes personnelles.
On retrouve une petite partie de ces documents dans cet ouvrage de l'excellente Petite bibliothèque Payot, qui n'a pas son pareil pour exhumer des textes et des documents un peu "à côté" de la littérature (notamment) britannique.
Une anglaise à Paris est un court recueil (150 pages aérées) divisé en cinq parties reprenant différents textes écrits alors qu'elle vivait à Paris (d'où le titre,comme vous l'aviez deviné, hé ! hé !), de la seconde guerre mondiale jusqu'à sa mort, à Versailles.
On y retrouve son esprit caustique, son humour, son sens de l'observation hors pair, mais aussi sa manière unique d'utiliser son snobisme, extrême, pour en faire tout autant un atout qu'un objet d'auto moquerie.
L'ensemble est d'une légèreté auprès de laquelle une crème chantilly bien montée est un kougloff indigeste, mais cette légèreté est entièrement assumée et, comme certains textes de Proust, certains traits sont en fait révélateurs de choses bien plus sérieuses qu'elles ne le paraissent de prime abord...
Suivez avec délices les cinquante pages de Chroniques parisiennes, et la trentaine de pages de Mai 1968, journal d'une révolution : vous rirez certes, mais vous apprécierez tout autant la qualité des peintures, des coups de griffe, et du style, enlevé comme du Guitry ou du Wilde.
Absolument parfait pour un voyage en train ou en avion; ou, à la rigueur, pour une matinée dans un transat à l'ombre d'un pin parasol !
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