Le pitch

La Belle Époque prend l'eau et les cadavres flottent. Hiver 1910. La Seine submerge la capitale. Sous les eaux, Paris a des airs de Venise. Mais tout remonte à la surface : passions, rats, vieux démons... Et un corps de femme démembré, mutilé et impossible à identifier.Ange Leca, jeune journaliste rebelle, dépendant à l'alcool et opiomane abstinent, décide de mener son enquête.

Mais celle-ci va l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'imaginait et ébranler ses dernières certitudes. Et il n'est pas certain qu'Emma, sa nouvelle addiction, l'aide à garder la tête froide...

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Mon avis

Plonger une intrigue policière dans le bain du temps, c'est souvent un excellent moyen de bâtir des décors originaux, de créer une atmosphère, de ressusciter une époque fascinante.

Avec Victor Lepointe, Tom Graffin a choisi de mettre en scène son thriller one shot durant les quelques jours - ô combien fameux - où une partie significative de Paris s'est retrouvée sous les eaux, en 1910.

Difficile de trouver back ground plus original que les grandes avenues haussmanniennes presque désertes, juste parcourues par des barques à fond plat !

Victor Lepointe, avec un talent graphique impressionnant, habille les 58 planches de l'album d'un trait précis, hyper réaliste, mises en couleur avec un grand classicisme à l'aquarelle.

Couleurs ternes, gris, bleu, blanc, les couleurs de l'hiver et de l'eau : le lecteur est plongé - c'est le cas de le dire ! - dans le Paris fantasmé de l'Art Nouveau et de la période des plaisirs indécents qui précéda la première guerre mondiale.

On parle de Pigalle, des théâtres du boulevard et de ses cocottes, des premières voitures, des duels pour l'honneur...

L'ensemble est superbe, délicat, un vrai plaisir pour les yeux.

En fin de volume, les auteurs ont pris la peine de développer un joli cahier de huit pages pour rappeler l'époque et citer leurs sources.

Côté histoire, aucune déception mais plutôt une excellente surprise, car il n'est pas facile de développer sur une distance aussi courte une intrigue bien troussée, ni trop simple, ni trop compliqué, qui mène gentiment le lecteur par le bout du nez jusqu'à une chute qui ne cède en rien à la facilité romanesque.

Ange Leca, mi-détective, mi-journaliste, est un excellent personnage principal, qu'on reverrait bien un jour dans d'autres histoires.

Un des meilleurs albums de l'année, à n'en pas douter !