682 jours
Plon
682 jours
Plon
Le pitch
682, c'est le nombre de jours que Roselyne Bachelot a passés au ministère de la Culture sous la présidence d'Emmanuel Macron. Dans ce journal d'une ministre, Roselyne Bachelot fustige le bal des hypocrites, ceux qui n'ont pas voulu reconnaître la culture comme "bien essentiel", ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues alors qu'elle luttait pour garder en vie les salles de spectacles, le cinéma, les troupes de théâtre.
Elle n'oublie pas les technos de tout poil et les obsédés de l'ordre sanitaire, qui laissaient circuler les rames de métro bondées mais interdisaient l'ouverture des théâtres et des cinémas. Elle égratigne certains artistes qui ont joué les victimes sacrifiées alors que l'argent public coulait à flot et décrit sans complaisance les complots misérables de politiciens en perdition. Roselyne tire à vue.
Mon avis
Les mémoires d'hommes ou de femmes politiques, ce n'est vraiment pas mon truc, où alors il faut que l'auteur s'appelle Churchill ou de Gaulle !
Mais avec Roselyne Bachelot, j'avais la certitude de ne jamais m'ennuyer et de ne pas me retrouver étouffé sous une avalanche de langue de bois.
D'abord, parce que la donzelle, qui a passé les 3/4 de siècle, peut se lâcher : elle n'a plus rien à craindre, sa carrière politique est terminée (ou alors... jamais dire jamais !)
Ensuite, parce que cette femme cultivée est intelligente, souvent drôle, et elle possède un sens de la formule que n'aurait pas renié le grand Charles, qu'elle évoque souvent.
Enfin, parce que 682 jours raconte ses presque deux ans à la tête du ministère de la culture qui a, pour moi, une importance toute particulière.
Parce que je suis un lecteur compulsif et très gros consommateur de culture sous toute ses formes.
Mais aussi parce que j'ai été baigné dedans depuis ma plus tendre enfance (mon père était membre du Cabinet d'André Malraux au Ministère des affaires culturelles, lors des évènements de 1968).
Autant le dire tout de suite : je n'ai pas été déçu un instant, tant le récit est conforme à ce que j'en attendais.
Deux heures de lecture rapide (280 pages à la mise en pages très, très aérée) où la Roselyne se lâche... sans jamais se fâcher complètement avec quelqu'un, s'il s'agit de quelqu'un d'important. On ne sait jamais...
La revue de détails du travail d'un ministre est intéressante : on a rarement l'occasion d'avoir le contenu de la charge de travail (considérable) d'un membre du gouvernement, faite d'une multitude de réunions, de voyages, de rencontres, de cérémonies protocolaires.
Passionnant, également, l'avis de Roselyne Bachelot sur la décentralisation, sur le budget de la culture, sur les sujets d'actualité dont - bien entendu, c'est le gros morceau - sur la gestion des artistes pendant la pandémie.
Cette gestion lui a été souvent reproché par les milieux culturels. Vu sous l'angle de la ministre, même si on peut contester la totale impartibilité de ce plaidoyer, cela ouvre d'autres perspectives et cela donne à réfléchir.
Porté par le style à l'emporte pièce de l'auteur (on est parfois proche d'Audiard, auquel elle fait d'ailleurs référence), ces mémoires d'un temps difficile sont drôles, enlevées, une parfaite lecture de détente intelligente.
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