1984

Georges Orwell

Gallimard / Folio

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Le pitch

De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston...

Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens.

Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

Mon avis

Comment peut-on percevoir aujourd'hui 1984, près de 40 ans après la date symbolique du titre du roman, et plus de 70 ans après la publication du livre (l'œuvre étant donc désormais dans le domaine public) ?

L'histoire a-t-elle vieilli ? Les thèmes évoqués sont-ils disqualifiés par l'évolution sociale, économique, politique et technologique de notre monde ? Le style de Georges Orwell est-il terriblement daté ?

Ce sont toutes ces questions que je me suis posées en relisant récemment (pour la quatrième fois, je pense), ce qui est sans doute un des trois ou quatre romans fondateurs de la science-fiction et une des œuvres majeures de la littérature du XX° siècle.

Et, à nouveau, je suis sorti de cette lecture avec la conviction profonde que cette dystopsie, selon le terme à la mode employé (d'ailleurs à tort et à travers) pour évoquer un roman imaginant une société dont l'organisation aboutit aux malheurs de ses membres, est d'ores et déjà une oeuvre extraordinaire à la dimension intemporelle.

Winston Smith, le héros malheureux du roman, c'est vous, moi, plongé dans une société totalitaire poussée à l'extrême de ce que l'on peut imaginer.

Une sorte de mélange terrifiant entre le national-socialisme hitlérien des années 30, la terreur Stalinienne des années 40 et 50 et les déviances de la chine maoïste de l'après-guerre et des années 60.

Plus de libertés individuelles, plus de vérité collective, les membres de cette société qui n'a plus aucun repère social, historique, n'existent plus en tant qu'individu.

La notion même d''amour est effacé. Si l'individu se rebelle, il est corrigé, puis il meurt. Et même s'il ne le fait pas, il meurt aussi.

Le roman, rédigé dans un style très factuel, terriblement efficace, est marqué, indubitablement, par l'époque où Orwell vivait (publié en 1949, juste avant sa mort, il est porteur des horreurs de la guerre et du stalinisme) mais, vous l'avez compris, le lecteur peut se lancer dans sa lecture sans connaître ce contexte, car il n'a aucune importance.

C'est pour cela que tout adolescent doit absolument le lire au moment de sa construction en tant qu'individu.

Pour réfléchir. Et s'écarter du message terrible qu'il porte, jusqu'au bout (et que je ne partage pas) : il n'y a pas d'espoir en l'être humain.

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