Le pitch

"(...) La première raison de vivre, pour un chien, c'est de courir. Je n'avais jamais vraiment pensé à ces choses-là avant d'avoir un chien pour de vrai. Et s'occuper d'un vieux chien mourant, cela, je n'y avais pas pensé du tout (...)" Voilà ce qu'écrit Jirô Taniguchi dans la postface à Terre de rêves, évoquant ce qui lui a inspiré la première des cinq histoires de ce nouveau recueil - la disparition de son vieil animal.

Avec toute la retenue et la délicatesse que l'on connaît au grand auteur japonais - mais aussi avec sa formidable acuité pour les plus petits détails du quotidien -, Taniguchi nous offre une nouvelle démonstration de son immense talent narratif et graphique. Une fois encore, un album d'exception.

Mon avis

Tous les fans de Jirô Taniguchi, ce maître du roman graphique japonais, ont sans doute fini par acquérir ce recueil de "nouvelles" graphiques. Ils ont dû y retrouver tout ce qui fait le charme et le talent de l'auteur.

Tout d'abord, ces dessins à plat, toujours en noir et blanc, au style immédiatement identifiable, dont les personnages aux traits assez curieusement occidentalisés permettent aux lecteurs européens de ne pas se sentir trop "dépaysés".

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Et puis la qualité de la narration, tout en douceur et en fluidité; dans les œuvres de Taniguchi, tout semble se passer dans la plus grande sérénité, même quand les protagonistes sont fous de rage (le contraire, donc, des mangas japonais où les personnages ont perpétuellement le visage déformé par des émotions hors de proportion avec le contexte).

Donc, pour les fans absolus de Taniguchi, ce recueil a sans doute de quoi être satisfaisant. Mais pour les autres, il y a de forte chance que sa lecture soit une grosse déception.

Terre de rêves ? Drôle de titre pour un recueil de cinq nouvelles où les quatre premières sont sans aucun rapport avec le sujet.

Les trois premiers textes évoquent le rapport de l'homme avec les animaux domestiques (chien, chats).

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Le quatrième met en scène une très jeune adolescente qui "passe" dans la vie de son oncle lors d'un événement clé de sa construction personnel.

Quant au cinquième, c'est un développement sur le rapport de l'homme à la montagne, sa recherche d'absolu, de dépassement de soi, un thème récurrent chez Taniguchi (voir à ce propos sa somptueuse saga Le sommet des dieux)

L'ensemble donne l'impression que l'éditeur a regroupé tous les courts récits qu'il avait encore sous la main pour atteindre la taille critique d'une publication.

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Une démarche commerciale opportuniste qui ne tient pas la route sur le fond car, au delà du problème de cohérence, les cinq récits manquent, soit d’intérêt (à moins d'être passionné par les chats et les chiens...), soit d'originalité et de puissance.

Si vous ne connaissez pas, lisez Jirô Taniguchi, mais tournez vous plutôt d'abord vers ses œuvres maîtresses, comme Quartier lointain ou Le sommet des dieux.