Le pitch

Lestat de Lioncourt, benjamin d'une famille de hobereaux auvergnats ruinés, est vampirisé vers 1770 à Paris, dans sa vingtième année, par un démon qui l'a vu jouer dans un théâtre miteux.

Des péripéties innombrables le ramènent deux siècles plus tard à San Francisco où, attiré des profondeurs de la terre par le climat dionysiaque qui règne à nouveau dans le monde, il crée un groupe de rock du nom de "Lestat le Vampire" et lance un défi suprême aux "puissances des ténèbres" en jouant sa musique "à réveiller les morts".

Car Lestat est un vampire impie, qui ne croit ni à dieu ni à diable, un téméraire, ivre d'amour et de sensualité...

Mon avis

Deuxième volume des Chroniques des vampires,  Lestat le vampire prolonge d'une manière tout à fait surprenante le fascinant Entretien avec un vampire.

Dans le premier tome, Anne Rice flirtait de manière parfois presque classique avec le mythe du vampire tel qu'il fut popularisé avec Bram Stoker, tout en introduisant des éléments novateurs assez perturbants.

Le personnage de l'enfant vampire Claudia, cette petite "poupée" qui garde son physique de fillette tout en devenant, au fil des décennies qui passent, une vampire redoutable, est particulièrement étonnant.

Surtout lorsqu'on découvre, comme j'ai pu le faire incidemment, qu'Anne Rice a perdu une petite fille du même âge, victime d'une leucémie...

Avec Lestat, ce texte dense de 600 pages, elle s'éloigne du mythe classique, sans le trahir, mais en l'enrichissant.

La toile de fond d' Entretien se situait dans le décor baroque du XVIII° siècle de la Nouvelle-Orléans et se prolongeait au XIX° ; avec Lestat, on plonge d'entrée dans un univers rock de la fin du XX°, où le vampire s'est intégré à la civilisation des mortels au point d'en être devenu une star !

Après cette introduction moderne, on replonge dans le XVIII° siècle.

Petit à petit, avec un style classique d'une grande qualité qui manie avec brio tout autant les scènes d'horreur que les images les plus sensuelles (violence et sensualité mêlées, comment mieux décrire l'essence du vampire ?), Anne Rice voyage à travers le temps, élargissant peu à peu son champ d'investigation.

Peu à peu, le mythe du vampire s'installe dans une perspective de plus en plus vertigineuse, qui atteindra des sommets fabuleux dans le troisième tome.

À lire absolument, classique instantané et absolu de la littérature fantastique, ce deuxième tome est encore plus réussi que le premier ! (vous pourrez lire la suite de ma critique dans La reine des damnés.