Le pitch

Bienvenue dans la tête d’un président sollicité à chaque seconde, menacé par des affaires compromettantes dont lui seul a la clé, et qui gouverne une France de plus en plus agitée. Marc Dugain nous ouvre les portes de l’Élysée, palais byzantin plongé dans une ambiance fébrile, et dévoile avec une férocité lucide les secrets de cette étrange machine à gouverner. Celle-ci repose sur un homme seul puisque, comme le dit le chef de l’État : « Tout ce qui ne marche pas dans ce pays remonte jusqu’à moi ! »

Le pouvoir hier, aujourd’hui, demain, tel qu’on n’avait jamais osé le décrire.

Mon avis

Des auteurs français contemporains qui ont, au cours de leur carrière, écrit trois grands romans, il y en a très, très peu. On les compte même sur les doigts d'une main.

Marc Dugain fait partie de cette élite car il est l'auteur de La chambre des officiers (1999), de La malédiction d'Edgar (2005) et du brillant Avenue des géants (2012). Mes critiques de ces romans sont toutes sur le site.

Rien que pour cela, je continue à lire la plupart de ses nouveaux livres même si, depuis, il me semble qu'il ne joue plus dans la cour des grands (et  même s'il reste très populaire).

La raison principale ? Sans doute cette volonté de rattacher désormais son oeuvre à des thèmes politiques, économiques et géostratégiques actuels.

A mon avis, cela ne fonctionne au mieux qu'à moitié, car Marc Dugain travaille une terre déjà considérablement labourée par des journalistes, des essayistes et d'autres romanciers (notamment de SF) qui ont souvent fait preuve de beaucoup d'intelligence et de sagacité.

Bien difficile de passer derrière eux, surtout quand il manque une dimension vraiment romanesque à des œuvres trop référencées à notre monde actuel.

Avec Tsunami, j'ai pourtant cru pendant quelques dizaines de page que l'auteur parvenait à s'affranchir de cette quête épuisante au commentaire social et politique.

L'idée de cette chronique au quotidien et à la première personne d'un président de la république française "disruptif", confronté aux vissicitudes de notre époque de mutations démarre plutôt bien, avec pas mal de causticité.

Cependant le style - voulu - du récit , très relâché, parait bien loin de ce que Marc Dugain nous propose d'habitude.  Comme on est loin des merveilles des romans cités en introduction !

Malheureusement, rapidement,  j'ai presque eu l'impression de lire un livre de commande, écrit vite fait sur le pouce.

240 pages ? Oui, mais avec une mise en page très aérée, favorisée par un découpage qui donne l'impression de lire une succession de tweets (j'exagère à peine : 44 chapitres !). Je sais que je lis très vite, mais j'ai bouclé ma lecture en une heure et quelques...

Et finalement, j'ai eu l'impression que le récit partait en sucette (si vous me permettez l'expression).

Une raison très simple : Dugain a tout simplement oublié de prévoir un scénario, une colonne vertébrale à son roman.

Alors le "président rédacteur" et le lecteur commencent à tourner en rond, abordant mille sujets sans en traiter un seul un peu en profondeur.

Et lorsque le livre s'achève, sans suspens, sans conclusion, sans fin, en fait, on se demande ce que l'auteur a bien voulu dire.

Pourquoi un tel récit qui papillonne au dessus de tous nos débats actuels, sans apporter d'information ou de réflexion qui ferait avancer la discussion ou la réflexion ?

Que l'on ne se méprenne pas : Tsunami se laisse lire, comme un compagnon de transports (je l'ai lu entièrement dans le métro).

Mais, une fois refermé, il ne laisse absolument aucune trace.

En me baladant sur le site (je vous encourage à en faire de même !), je suis tombé sur ma critique de L'emprise, sorti il y a une dizaine d'années.

Ce livre, un roman à clés sur le milieu politique français, m'avait déjà vraiment déçu.

En conclusion, je pense que Marc Dugain est un formidable raconteur d'histoires, mais qu'il devait vraiment abandonner ce terreau politique contemporain qui ne lui convient pas.

[Nb : le risque a trop vouloir jouer avec l'actualité, c'est d'être frappé très, très vite d'obsolescence. La preuve ? Ce roman est déjà dépassé factuellement par la réélection de Trump]