Le pitch

Quelques semaines à peine après sa naissance, le père d'Anita Conti la baigne dans l'Atlantique, au large de Lorient. Celle que l'on surnommera plus tard " la Dame de la mer " ne quittera plus jamais le monde aquatique. Océanographe, photographe, cinéaste, journaliste, essayiste, Anita Conti a cherché toute sa vie à percer les mystères de l'océan, de Terre-Neuve aux côtes mauritaniennes, de l'Adriatique à la mer de Barents.

Cette passion devient très tôt un combat écologique. Dès les années 30, elle lance l'alerte sur les dangers de la pollution des mers et de la surpêche. Trente ans plus tard, elle tente d'apporter une réponse en se révélant pionnière de l'aquaculture. Anita Conti aura passé plus d'heures sur mer que sur terre, partageant ses idées et ses espoirs avec le Commandant Cousteau. Sa vie est une plongée au coeur d'un monde inconnu et sauvage, mais surtout un cri d'alarme universel : si les mers représentent les 3/4 de la surface de notre planète, l'avenir de celle-ci dépend de leur sauvegarde.

Mon avis

Si vous vous intéressez un tant soit peu aux romans graphiques, ou aux biographies des femmes aux destins exceptionnels, vous avez forcement déjà croisé la route des livres de Catel & Bocquet.

Catel Muller, pour la partie illustrations. José-Louis Bocquet, pour les scénarios, ont marqué l'histoire du roman graphique féministe, résultat des deux genres croisés.

Avec amour, ils ont produit au fil des années Olympes de Gouges, Kiki de Montparnasse, sans oublier Joséphine Baker, trois ouvrages superbes sur trois superbes femmes, dont je parle par ailleurs sur ce site.

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Après Alice Guy (la réalisatrice des débuts du cinéma), le duo s'attaque à nouveau à une femme remarquable dont la notoriété est bien insuffisante, au regard de son parcours et et ses mérites.

Si je vous avoue que, jusqu'à la lecture de ce roman graphique, je ne connaissais pas Anita Conti, vous allez peut-être vous moquer de moi... ou plus honnêtement, me dire que cette femme incroyable était également pour vous un mystère.

Quoiqu'il en soit, voilà l'occasion de vous pencher sur la vie incroyablement riche de cette aventurière qui a su, tout au long des 98 (!) années de sa longue existence, s'affranchir des convenances, des croyances et du quand-dira-t-on.

Anita Conti, c'est une pionnière dans bien des domaines qui ont trait à la mer.

Une pionnière pour affronter les océans et ses dangers, comme un homme.

La première, pour raconter l'existence de ceux qui vivent de la mer.

La première aussi et surtout, pour découvrir la situation de la population animale des océans et alerter le monde entier des dangers qui la guettent.

Ecologiste avant l'heure, au même titre que Cousteau (qu'elle rencontre à de multiples reprises), elle a su faire parler des océans et prendre des initiatives incroyables (c'est elle qui a inventé la méthode de culture des poissons en haute mer).

A cela s'ajoute une vie personnelle qui sort des canons sociaux traditionnels, et vous aurez une idée du personnage.

Côté scénario, c'est brillamment mis en scène par José-Louis Bocquet, de manière peut-être un peu trop chronologique à mon goût pour une femme qui n'a tout de même pas la même densité de vie que Joséphine Baker, par exemple.

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Côté graphismes, c'est toujours un grand bonheur avec le trait rond, épais et précis de Catel Muller, tout en noir et blanc, comme d'habitude.

Catel a une façon immédiatement unique et reconnaissable de donner de l'épaisseur, du relief à ses illustrations, que j'adore !

NB : l'ouvrage, très complet comme toujours d'un point de vue historique, comporte un très épais cahier pédagogique (80 pages !) avec : une chronologie, la fiche biographique détaillée de tous les artistes qui sont les personnages principaux de l'histoire, ainsi qu'une bibliographie et une filmographique .