Le pitch

Le culte de la personnalité chez les dictateurs a longtemps été considéré comme une dérive mégalomaniaque empreinte de folie et de paranoïa. Pour l'historien Frank Dikötter, la mise en scène de sa propre personne est au contraire indispensable au maintien d'un tyran au pouvoir. Si la terreur et la répression permettent la mise au pas d'un pays, il est nécessaire de contrôler les esprits et de rendre impossible toute rébellion.

À travers de nombreux exemples, il décrypte comment huit dictateurs du XXe siècle ont su créer l'illusion d'un soutien populaire et ont réussi à entraîner tout un peuple dans leur folie destructrice.

Mon avis

Le XX° siècle aura été celui des grandes guerres mondiales, ainsi que de la montée puis de l'effondrement du communisme.

Derrière tous ces mouvements, ces évènements tragiques, on retrouve à chaque fois un personnage, une silhouette : un dictateur.

Le propos - passionnant - de Frank Dikköter, c'est d'étudier comment, dans la montée puis de la gestion du pouvoir absolu, la plupart de ces dictateurs ont utilisé l'instrument suprême : le culte de la personnalité.

Après une courte préface qui introduit intelligemment le sujet, l'auteur décide bizarrement, non pas de développer un essai de synthèse autour du phénomène, mais de prendre un à un, la plupart des grands dictateurs du siècle, et d'étudier chronologiquement la manière dont ils se sont servis de cet outil.

Autant le dire tout de suite : je n'ai pas été convaincu par cette approche linéaire et évènementielle, au détriment d'une étude historique globale.

J'aurais aimé que l'auteur réponde à des questions sur les points communs et les divergences entre l'usage du culte de la personnalité fait par les huit dictateurs choisis pour son étude.

Une fois ceci posé, je dois cependant dire que le livre ne manque pas d'intérêt, une fois retiré le superflu... car c'est sans doute la première foi que je vois un essai de 430 pages comportant près de 100 pages d'index !

En fait , l'intérêt du bouquin tient en 140 pages, espace où l'auteur présente les trois principaux dictateurs du XX° siècle : Hitler, Staline et Mao, trois hommes responsables directs du plus grand massacre de l'histoire de l'humanité (entre 100 et 200 millions de morts).

Comparer les "techniques" de ces trois psychopathes, c'est découvrir l'écart entre des méthodes largement opposées.

Ces hommes ont en effet alterné, au fil du temps et en fonction des opportunités, l'exposition directe la plus large au peuple (Hitler, pendant presque toute sa carrière) à l'exposition directe ponctuellement minimum (Staline et Mao).

Pour le reste, on a du mal à comprendre les critères de choix de Dikötter, qui privilégie des dictatures que je qualifieraient d'anecdotiques à l'échelle mondiale, comme celles de Ceaucescu, Mengistu ou Duvalier, en oubliant Franco, sans doute le dictateur le plus important après le trio évoqué plus haut.

Sujet passionnant, approche méthodologique décevante, contenu de qualité hétérogène : à vous de choisir !