La Cité en flammes

Don Winslow

Harper Collins

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Le pitch

État de Rhode Island, 1986. Danny Ryan, 29 ans, est docker. Intelligent, loyal et réservé, il n'a jamais vraiment trouvé sa place au sein du clan des Irlandais qui règne sur une partie de la ville. Son rêve : fuir loin de cet endroit où il n’a pas d’avenir.

Mais lorsque Paulie Moretti, mafieux d’une famille italienne jusque-là amie, s’affiche avec sa nouvelle conquête, Hélène de Troie des temps modernes, Danny se retrouve mêlé à une guerre sans merci à laquelle il ne peut échapper.

Il lui faudra s’imposer enfin et affronter un déchaînement de violence sans précédent pour protéger sa famille, ses amis, et la seule patrie qu’il ait jamais connue.

Mon avis

Je ne reviendrais pas ici à nouveau sur la carrière de Don Winslow, un des leaders légitimes du roman polico/policier américain de ces deux dernières décennies.

Tout juste vais-je rappeler qu'il est l'auteur il y a dix ans du chef-d'oeuvre La griffe du chien, monument consacré à la guerre des cartels de la drogue au Mexique.

Depuis, il s'est fait plaisir en multipliant les polars urbains presque aussi glauques - mais pas tout à fait au même niveau que le roman que je viens de citer.

Avec La cité en flammes, voilà le premier volet d'une trilogie consacrée au milieu mafieux de la côte est américaine (les deux tomes suivants ont depuis été publiés).

Mafia italienne contre mafia irlandaise : voilà un des fondamentaux de la culture américaine, que Don Winslow attaque par la face nord.

Des bandes qui s'affrontent depuis une éternité mais - il faut bien l'avouer, même si eux-mêmes ne le reconnaissent pas facilement - sont en plein déclin, face à la concurrence de la maffia des grandes métropoles, hyper puissantes grâce au commerce de la drogue (auquel les italiens et les irlandais ne touchent pas, par principe).

La cité en flammes est la chronique quasi quotidienne des querelles qui opposent les deux clans, décimant peu à peu les effectifs déjà réduits des adversaires.

L'affrontement est impitoyable, vicieux, sanglant, et il ne respecte aucune règle déontologique (si je peux utiliser ce terme peu adapté au milieu concerné !). Mais le plus étonnant est que les coups bas, les sales coups, les traitrises les plus terribles ont lieu à l'intérieur même de chaque clan.

Une lutte pour le pouvoir entre des anciens capos et la nouvelle génération, sans foi ni loi, dégénérée...

Cette chronique est terriblement prenante (malgré un démarrage un peu difficile à suivre, compte tenu du nombre considérable de protagonistes à retenir), car Winslow est un maître de la narration.

Des scènes courtes, qui s'enchainent, des dialogues vifs, percutants : impossible de de s'ennuyer une seconde tout au long des presque 400 pages : pas de doute, ce premier volet est un Tourne Page, parfait pour lire dans les transports ou en vacances.

Qui plus est, on s'attache rapidement à Danny Ryan, le jeune héros irlandais qui, au milieu de cet effroyable panier de crabes, parait presque normal et sympathique.

Le roman s'achève, comme on le subodorait dès le départ, par d'énormes désillusions pour beaucoup d'entre eux et donne envie de connaitre la suite des aventures de Danny.

Un bémols important, cependant, m'empêche de célébrer une réussite absolue.

Une fois de plus, Don Winslow, comme dans tous ces romans (et notamment son précédent titre, Corruption), ne fait absolument aucun effort pour développer des personnages féminins consistants.

Winslow ne s'intéresse pas aux femmes : point final. Elles ne sont que des ombres, des mères ou des salopes stupides et sans scrupule.

Erreur considérable qui nuit considérablement à la crédibilité et à l'équilibre de l'histoire. Dommage.

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