Les aiguilles d’or

Michael McDowell

Monsieur Toussaint Louverture

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Le pitch

Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose. D’un côté, l’opulence et le faste. De l’autre, le vice monnayé et l’alcool frelaté. C’est à leur frontière, au coeur de l’infâme Triangle Noir, qu’une famille fortunée va chercher à asseoir sa notoriété en faisant mine de débarrasser la ville de sa corruption.

Les Stallworth, dirigés d’une main de fer par leur patriarche, l’influent et implacable juge James Stallworth, assisté de son fils Edward, pasteur aux sermons incendiaires, et de son gendre Duncan Phair, jeune avocat à la carrière prometteuse, ont un plan impeccable : déraciner le mal en éradiquant une lignée corrompue de criminelles : les Shanks.

Mon avis

Surfant à 100 % sur le succès considérable (et largement mérité) de la saga Blackwater, l'éditeur Monsieur Toussaint Louverture entame la publication des autres romans de Michael McDowell en lui dédiant une collection spécifique.

Je rappelle que McDowell, auteur américain prolifique, est mort prématurément du SIDA à la veille du XXI° siècle, laissant derrière lui une réputation d'auteur de thrillers et de scénarios à dominante fantastique.

Quand je parle de surfer, c'est commercialement justifié, puisque l'éditeur reprend à l'identique les graphismes surchargés, les couleurs rouge "surréel" et la couverture en relief dorée à l'or fin des six tomes de Blackwater. Dans le genre Art nouveau, c'est réussi, même si on est visuellement à la limite du too much...

Dès les premières pages de ce thriller historique newyorkais écrit trois ans avant Blackwater, on retrouve l'indubitable talent de narrateur de Michael McDowell : le premier chapitre est éblouissant.

Tout au long des 500 pages du roman, McDowell prend tout son temps pour planter avec maestria le décor de chaque scène, immergeant avec talent le lecteur dans ce New-York de 1880, qui fera immanquablement penser, pour les cinéphiles, aux chefs-d'œuvre de Martin Scorsese que sont Gangs of New-York et Le temps de l'innocence.

Il prend tout autant son temps pour installer l'affrontement terriblement cruel qui va impliquer les très nombreux membres des Stallworth et des Shanks, les deux familles qui symbolisent respectivement la grande bourgeoisie et la plèbe new-yorkaise.

Tout cela se lit avec plaisir et mène le lecteur jusqu'aux derniers chapitres, où le drame va se dénouer... comme on l'avait deviné depuis bien longtemps.

Car, malheureusement, l'histoire imaginée par McDowell est terriblement prévisible et les ressorts dramatiques sont si attendus que l'on ne peut être qu'un peu déçu.

Pas le moindre petit twist à l'horizon, jusqu'à la fin. Une impression de manque que j'avais déjà ressenti à la fin de Blackwater.

Sans doute, pour en profiter pleinement, faut-il aborder Les aiguilles d'or tout simplement pour ce qu'il est : un très bon exemple de littérature romanesque populaire, tel qu'on en lisait à foison dans les journaux, par épisode, à la fin du XIX° siècle, avec des personnages un peu trop caricaturaux - sans véritable épaisseur psychologique - pour créer chez les lecteurs le sentiment d'empathie que génèrent les grands romans.

Un conseil tout simple : placez ce livre dans votre valise, en prévision des vacances !

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