Sac au dos

Joris-Karl Huysmans

Folio

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Le pitch

En 1870, un jeune conscrit raconte le quotidien des soldats français en guerre contre la Prusse : la douleur et les larmes, les poux, la crasse et la mort...

M. Folantin, petit employé dans un ministère, mène une vie médiocre. Seule la quête d'un restaurant correct pour dîner met un peu d'espoir dans la monotonie de ses journées.

Deux univers très différents pour découvrir quelques facettes du talent naturaliste de Huysmans, l'auteur d'À rebours.

Mon avis

Pour un lecteur compulsif comme moi, avouer que l'on n'a jamais lu une ligne écrite par Huysmans jusqu'alors n'est pas facile. Et pourtant : je l'avoue !

C'est par la petite porte, celle de ce recueil de deux longues nouvelles, que j'aborde donc cet auteur de la seconde moitié du XIX° siècle, ami de Zola, promoteur de l'impressionnisme et du symbolisme.

Sac au dos, la nouvelle qui donne son titre au recueil, est le récit à la première personne de la longue errance d'une jeune victime française de la guerre de 1870 contre la Prusse.

Tout le sel de la nouvelle est de raconter en détail les longs mois passés par le soldat dans les structures chargées de l'hospitalisation des blessés... sauf qu'il n'a pas été blessé : le pauvre garçon est juste malade, victime d'une dysenterie alors qu'il venait juste d'être incorporé et lancé sur le front.

Durant 50 pages, ce n'est donc pas le glorieux récit d'un combattant que nous lisons, mais juste celui d'un écloppé un peu ridicule qui vit à l'arrière sa petite vie d'écloppé, cherchant comment manger, boire, faire la fête et  trousser les filles en attendant la fin de la guerre et le retour chez ses parents.

Chronique d'une guerre ordinaire...!

Si Sac au dos n'est pas très gaie, A vau l'eau est carrément déprimante.

La peinture, sur 70 pages, de la vie médiocrissime de Folentin, un très modeste employé aux écritures qui vit seul.

Solitude sociale, tout juste rompue par les passages quotidiens dans des bistrots, gargotes diverses et variées pour se substanter car l'homme est incapable de se nourrir tout seul chez lui.

Solitude sexuelle, ponctuée de passages dans des bordels pour soulager ses pulsions.

Folentin est minable, si minable qu'on ne le plaint même pas car sa personnalité ne lui donne pas une seule chance de s'en sortir...

Chronique d'une toute petite vie ordinaire... !

Huysmans, dans la seconde partie de sa vie, s'est opposé au mouvement naturaliste.

Pourtant, ces nouvelles de jeunesse sont bien deux exemples parfaits de récits naturalistes, où l'homme s'agite sous le microscope de l'entomologiste Huysmans.

Pas très gai, vous l'avez compris, mais l'exercice est brillant.

   

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