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Un lecteur compulsif (c’est moi !) lit en moyenne, environ deux livres et une paire de BD chaque semaine, tout au long de l’année. Soit, parvenu fin décembre, une centaine de livres et une centaine de BD ingurgités.
Enfin, ingurgités, c’est vite dit, car la pâte à papier est peu digeste, et certains de ces bouquins ont tendance à rester en travers de la gorge. Mal écrits ou sans intérêt, ils constituent le lot quotidien d’un passionné de l’écrit. Mais ceux dont j’ai envie de parler ici, ce sont les bons. Les bien écrits, bien dessinés, drôles, tristes, passionnants… les Tourne Page, quoi !
Voilà ici la crème de mes lectures de l’année 2022. 20 livres sur 200, 10 % : voilà un ratio qui me parait raisonnable.
Attention : il y a peu de sorties de l’année, je lis souvent à rebours du temps, certains livres de la sélection ont de la bouteille; et pour les nouveautés il est rare que je n’attende pas la sortie en format poche, c’est trois fois moins cher (réflexe économique de grand lecteur). Piochez dans la sélection : la qualité est garantie !
Lectures 2022 : une année de plaisir !
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Les romans
Le pavillon des combattantes – Emma Donoghue
Les presses de la cité – 336 pages – 21.00 €
Le pitch : 1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.
Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie. Un huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.
Mon avis : Il y a une paire d’années, j’avais découvert avec admiration et effroi Pas si calme, le terrible récit d’Helen Zenna Smith, journaliste racontant (comme un roman) les souvenirs d’une infirmière anglaise sur le front de l’est, en 1917.
Des mémoires terrifiantes qui rendaient un hommage saisissant à ces femmes dont on ne parle jamais, celles qui, durant les terribles conflits armés du XX° siècle, se sont battues au péril de leur vie – non pas avec des armes mais avec leur courage et leurs outils de survie – au côté des militaires pour sauver leurs compatriotes blessés au combat.
Avec Le pavillon des combattantes, j’ai eu l’impression de découvrir, en quelque sorte, une autre facette de la période; toute aussi terrible, et tout aussi réconfortante dans son humanité.
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Little big man – Thomas Berger
Gallmeister – 736 pages – 13.50 €
Le pitch : Je m’appelle Jack Crabb. J’ai cent onze ans ; j’ai vécu la moitié de ma vie chez les Blancs et l’autre parmi les Indiens cheyennes. J’ai été pionnier, éclaireur, as de la gâchette, chasseur de bisons. J’ai aussi été prospecteur, joueur professionnel et tricheur, polygame et soldat. J’ai côtoyé Wyatt Earp, Buffalo Bill et le général Custer, ainsi que pas mal de braves et de chefs de différentes tribus.
Je suis le seul survivant de la bataille de Little Bighorn et le dernier témoin de la conquête de l’Ouest, qui ressemble à tout ce que vous voulez, sauf à ce qu’on vous montre au cinéma. Avant de perdre la mémoire, je vais vous raconter ma vie.
Mon avis : Vous connaissez certainement le film Little big man. Forcement, si vous êtes un brin cinéphile.
Mais je suis persuadé que, comme moi, vous n’aviez jusqu’à ce jour jamais entendu parlé du roman dont est tiré le chef-d’œuvre d’Arthur Penn. Normal : aucun éditeur ne s’est donné la peine de le mettre vraiment en avant.
C’est désormais chose faite, grâce aux éditions Gallmeister, que je tiens une fois de plus à saluer pour sa capacité à faire vivre – ou revivre – de grands romans américains de ce côté-ci de l’Atlantique.
Et c’est un bonheur, car le roman d’une vie de Thomas Berger est tout simplement exceptionnel !
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Babbitt – Sinclair Lewis
Le livre de poche – 472 pages – 8.10 €
Le pitch : Le héros de ce livre, George F. Babbitt, un agent immobilier de renom, vit à Zenith, une petite ville du Midwest. Riche, bavard, il a un avis sur tout et se targue d’être un citoyen modèle. Mais un jour, une terrible angoisse le saisit: cette vie passée à arnaquer la veuve et l’orphelin et à dîner avec des petits bourgeois bien-pensants ne serait-elle pas vaine ?
D’une plume sarcastique sans jamais être méchante, Sinclair Lewis décrit le pouvoir de séduction de la société de consommation naissante, de l’american way of life. Lire ou relire Babbitt aujourd’hui, c’est pénétrer le système capitaliste, ses pièges et ses failles.
Mon avis : Vous êtes probablement nombreux à découvrir un peu tard et par hasard Babbitt et son auteur, Sinclair Lewis. Comme moi, pour tout dire. En fait, pendant longtemps, j’ai assimilé l’auteur Sinclair Lewis a un de ses contemporains, à la renommée plus importante, appelé Upton Sinclair (l’auteur du phénoménal Pétrole ! et du très célèbre La jungle).
Mais voilà : un jour, je tombe sur le résumé de Babbitt, puis sur la notice biographique de l’auteur qui fut, rappellent tous les sites littéraires, « le premier américain a recevoir le prix Nobel de littérature, en 1930 ». Alors, comme je suis un petit curieux (non, en fait, un terrible curieux !), je me suis emparé de ce gros roman de Babbitt, publié il y a tout juste un siècle (en 1922)… et je m’en suis régalé. Quel bouquin original !
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Les petites robes noires – Madeleine St John
Le livre de poche – 256 pages – 7.40 €
Le pitch : 1959. Au deuxième étage du grand magasin F. G. Goode’s de Sydney, des jeunes femmes vêtues de petites robes noires s’agitent avant le rush de Noël. Parmi elles, Fay, à la recherche du grand amour ; l’exubérante Magda, une Slovène qui règne sur les prestigieux Modèles Haute Couture ; Lisa, affectée au rayon Robes de cocktail, où elle compte bien rester en attendant ses résultats d’entrée à l’université… Dans le secret d’une cabine d’essayage ou le temps d’un achat, les langues se délient, les vies et les rêves des vendeuses se dévoilent.
Devenu un classique dans les pays anglo-saxons, Les Petites Robes noires, remarquable instantané de l’Australie des années 1950 et critique subtile de la place de la femme dans la société, est un chef-d’œuvre de finesse et d’esprit.
Mon avis : Les petites robes noires. Avec un titre pareil, on pense tout de suite à un célèbre parfum de Guerlain.
Et pourtant… au delà de la référence implicite à Coco Chanel, c’est bien le roman qui a du inspirer le parfumeur, puisqu’il a commercialisé son flacon quinze ans après la sortie du roman de Madeleine St John, en 1993.
Quoiqu’il en soit, l’esprit dans lequel le parfum et le livre baignent est le même : celui d’une certaine insouciance, d’un glamour chic lié à la mode.
Modèle parfait d’un roman feel good intelligent, la trame narrative des petites robes noires est tissé, c’est évident, dans le tissu des souvenirs de l’auteure, puisque le livre se déroule en 1959 à Sidney et qu’elle y est née en 1941 avant d’émigrer en Angleterre pour y terminer sa vie. Les deux cents pages du roman ne sont que légèreté.
Les recueils de nouvelles
Ce que nous cache la lumière – Tim Gautreaux
Le seuil – 512 pages – 23.50 €
Le pitch : Tout absorbés qu’ils sont par leurs affaires de cœur, de foi, d’argent, par leurs marottes diverses et variées, occupés à peser les avantages et les inconvénients de la vie au sein de petites communautés aussi soudées que scrutatrices, les personnages de ces nouvelles tentent d’affronter les déceptions du quotidien. Ce sont des voix discrètes, rarement entendues, des vieilles filles un peu tristes, des ferrailleurs, des artisans, des retraités… souvent détestables, parfois admirables.
Sur les rives du Mississippi, sous la neige du Minnesota ou dans les montagnes de Caroline du Nord, Tim Gautreaux cartographie des existences bien loin des mondanités et des grands drames. Il manie la malchance sans sentimentalité, nous offre dans une prose ciselée des histoires bouleversantes ou hilarantes et, surtout, nous rappelle avec humour et empathie qu’il est, en général, inutile de prendre les choses trop au sérieux.
Mon avis : Dans ses remerciements, en fin de livre, Tim Gautreaux écrit : « Les nouvelles n’ont pas bonne presse de nos jours« . Il a parfaitement raison, mais qu’est-ce que l’auteur américain dirait s’il était français !
Aux Etats-Unis, de nombreux auteurs renommés ont fait leur carrière ou leur renommée grâce aux nouvelles, avec des recueils qui se vendent et sont largement appréciés; mais en France, l’édition de nouvelles est un parcours d’obstacle et un luxe pour l’éditeur, car l’exercice n’est que très rarement apprécié et considéré par les lecteurs. Quel dommage…
Vous voulez une preuve de la magie de la nouvelle, sans pour autant aller piocher dans les œuvres de Maupassant, Somerset Maugham ou Jim Harrison ?
Alors plongez-vous directement dans Ce que nous cache la lumière, le merveilleux recueil du grand Tim Gautreaux , je vous garantie (satisfait ou remboursé !) que vous sortirez de sa lecture l’âme plus large, un léger sourire au coin des lèvres et l’oeil humide !
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Mordre au travers – Virginie Despentes
Librio – 128 pages – 3.00 €
Le pitch : « De la confiture aux cochons, cette fille superbe et si tentante, avec ses seins splendides et son ventre bombé, ses ongles toujours rouges et ses chevilles tellement fines. Je ne pouvais pas croire qu’il savait quoi en faire, pas comme moi j’aurais su. »
Des femmes qui vendent leur corps, qui le punissent de ne pas être comme celui des autres ou de porter le fruit d’un désamour, qui le fantasment dans des ébats sulfureux…
Évocations tranchantes d’un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants, ces nouvelles disent violemment le désir et le refus du désir, la colère, la honte inavouée, les excès d’amour, ou encore la folie meurtrière.
Mon avis : Mordre au travers est un livre à part dans la carrière de Virginie Despentes, puisqu’il s’agit du seul recueil de nouvelles de la grande auteure française. Publié en 1999, donc à la fin de sa « première période », celle entamée peu de temps plus tôt par le fameux Baise-moi.
L’époque de la Despentes brute, révoltée, un brin pornographe, provocatrice, violente, décidée à traduire sur le papier ses errances, ses addictions.
Du Despentes brut, pas de doute. Mais pas brut de décoffrage car, ce recueil de onze nouvelles recèle déjà tout ce qui fait d’elle la plus importante auteure française de ce dernier quart de siècle.
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La fille du fermier – Jim Harrison
Folio – 144 pages – 2.00 €
Le pitch : « Sarah cria : « Putain de Dieu ! », puis elle s’élança à toute vitesse sur un sentier pentu qui grimpait le long de la montagne jusqu’à ce qu’elle soit certaine que sa blessure allait éclater et qu’elle en aurait fini avec elle« .
Dans ce texte âpre, « Big Jim » nous emmène dans un Montana aussi beau qu’hostile et livre un portrait féminin subtil, non sans échos avec son majestueux Dalva : celui d’une jeune fille meurtrie, aussi blessée qu’en quête de vengeance…
Mon avis : Jim Harrison était incontestablement un des maîtres américains de la nouvelle, capable sur quelques dizaines de pages d’emporter le lecteur au fin fond de l’Amérique profonde.
Personnages complexes, souvent attachants, misère du « petit peuple » des campagnes, solitude, tourments sexuels : Harrison écrivait vrai, puissant, racontant souvent des histoires un peu tristes mais avec énormément d’humour, et des histoires terribles mais avec une foi dans l’être humain qui sauvait tout.
Quand je parle de nouvelle, je devrais d’ailleurs dire novella, car la bonne distance, pour l’auteur à la gueule de patriarche alcoolique, c’était plus celle d’un petit roman. La novella, à l’américaine, c’est entre 80 et 150 pages. Du concentré, sans perte de temps ou dilution des thèmes.
Avec La fille du fermier, voici l’occasion, pour ceux qui connaisse ou pas l’auteur, de découvrir d’un coup d’un seul tout ce que je viens de vous raconter.
Les polars, la SF, le fantastique
Vengeance & Revanche – Dan Simmons
Pocket – 285 pages – 7.10 €
Le pitch : Après 11 ans en prison pour avoir tué le meurtrier de celle qu’il aimait, le détective Joe Kurtz doit maintenant échapper à la Mafia…
Le détective privé Joe Kurtz a payé pour son sens de la justice un peu trop expéditif. En sortant de prison, il est contacté par le vieux don Farino, parrain de la mafia en semi-retraite, qui le lance sur la trace de son comptable, évanoui dans la nature… Surveillé par l’entourage de Farino, harcelé par l’inspecteur Hathaway et pourchassé par d’inquiétants tueurs, Kurtz se charge d’une affaire qui ne sera pas de tout repos.
Mon avis : Dan Simmons, roi du récit fantastique et de la SF, loin de ses terrains de prédilection, a aussi écrit entre 2001 et 2005 une trilogie policière dont la lecture du premier volume, Vengeance, et du deuxième, Revanche chez Pocket, est une pure piqûre d’adrénaline.
Deux fois 250 pages denses que vous pourrez vous envoyer à chaque fois d’une traite, en deux ou trois heures. Histoire d’enfiler une douzaine de scènes chocs qui vous exploseront le globe oculaire et d’une série de dialogues aussi acérés qu’un réseau de fil de fer barbelés. Franchement, quel plaisir régressif !
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Ecotopia – Ernest Callenbach
Folio SF – 336 pages – 9.40 €
Le pitch : Trois États de la côte ouest des États-Unis – la Californie, l’Oregon et l’État de Washington – décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston.Au fil des articles envoyés au Times-Post, il décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les vingt heures de travail hebdomadaire et le recyclage systématique. D’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.
Mon avis : On ne prend jamais assez de temps pour remercier certains éditeurs français, pour leur capacité à aller piocher dans la littérature américaine des décennies passées afin d’en extraire un grand roman peu connu, voire oublié du lectorat francophone et le (re)traduire et le (re)publier.
C’est le cas de l’éditeur Rue de l’échiquier qui, grâce à une traduction de Brice Mathieussent, a exhumé Ecotopia des limbes d’outre-Atlantique, 40 ans après sa première édition (chez Stock), relayé par Gallimard en format poche dans la collection Folio SF.
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Blackwater (6 tomes) – Michael McDowell
Monsieur Toussaint Louverture – 6*250 pages – 6*8.40 €
Le pitch : Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.
Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
Mon avis : Le roman Blackwater comporte six tomes. Il est sorti en 1983, six volumes publiés à un mois d’intervalle.
Michael McDowell, auteur de romans populaires mort prématurément en 1999, avait décidé de développer ce grand roman fantastique (on doit approcher les 1 500 pages en format poche !) sur le principe du roman-feuilleton, une pratique très courante au XIX° siècle, a peu à peu disparue à l’aube du XX° siècle.
A sa lecture différée de près de 40 ans (il s’agit de la première édition française d’une œuvre pourtant fort connue de l’autre côté de l’Atlantique), impossible de ne pas y prendre un grand plaisir.
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Celle qui a tous les dons – M.R. Carey
Le livre de poche – 528 pages – 8.20 €
Le pitch : Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu’on l’emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu’elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.
Melanie est une petite fille très particulière…
Mon avis : Les bons romans qui parlent de zombies, cela ne court pas les librairies.
Souvenez-vous : il y a, bien entendu, le chef-d’œuvre Je suis une légende, de Richard Matheson, le non moins génial World War Z, de Max Brooks. Et puis, moins connu, le très étrange Bloodsilver, de Wayne Barrow. Mais à part cela…
C’est donc avec joie que je viens vous présenter Celle qui a tous les dons, que je place immédiatement au côté des trois premiers, tant sa lecture m’a embarqué, comme seul sait le faire un très bon Tourne Page.
Essais, Histoire et Cinéma
Le monde sans fin – Jancovici & Blain
Dargaud -196 pages – 27.00 €
Le pitch : La rencontre entre un auteur majeur de la bande dessinée et un éminent spécialiste des questions énergétiques et de l’impact sur le climat a abouti à ce projet, comme une évidence, une nécessité de témoigner sur des sujets qui nous concernent tous. Intelligent, limpide, non dénué d’humour, cet ouvrage explique sous forme de chapitres les changements profonds que notre planète vit actuellement et quelles conséquences, déjà observées, ces changements parfois radicaux signifient.
Jean-Marc Jancovici étaye sa vision remarquablement argumentée en plaçant la question de l’énergie et du changement climatique au coeur de sa réflexion tout en évoquant les enjeux économiques (la course à la croissance à tout prix est-elle un leurre ?), écologiques et sociétaux. Christophe Blain se place dans le rôle du candide, à la façon de son livre « Quai d’Orsay » signé avec l’expertise d’un coauteur : un pavé de 200 pages indispensable pour mieux comprendre notre monde, tout simplement !
Mon avis : Comment concilier essai scientifique, analyse sociale et économique spéculative, BD et humour, pour en faire un énorme succès critique et commercial ? Pas évident, n’est-ce pas ? La quadrature du cercle, en fait. Et pourtant, Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain l’ont fait.
A l’approche des fêtes de fin d’année 2021, se procurer l’essai graphique (nouvelle catégorie que je viens d’inventer !) Le monde sans fin était quasi impossible, car, avec le bouche à oreille, tout concourrait à orienter les lecteurs vers cet épais et imposant album à la couverture crayonnée jaune.
Un an plus tard, l’album achevait de triompher sans partage, devenant le livre le plus vendu en 2022 (toutes catégories confondues !), avec plus de 500 000 exemplaires vendus ! Un succès phénoménal, parfaitement justifié.
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Le cri du Kalahari – Mark & Delia Owens
Points – 504 pages – 8.50 €
Le pitch : Avec à peine quelques vêtements de rechange et une paire de jumelles pour tout bagage, Delia et Mark Owens quittent l’Amérique en 1974 pour rejoindre le Botswana. À bord d’un Land Rover d’occasion, ils s’enfoncent dans le désert du Kalahari où ils resteront sept ans, dans une région vierge de toute route et d’habitant, à la rencontre des fauves.
Voici le récit merveilleusement conté de leur incroyable aventure auprès des lions, des hyènes, des chacals et des girafes, confrontés aux dangers de la sécheresse, des feux, des ouragans et des animaux eux-mêmes. Un best-seller international qui enchantera les amoureux de la nature et des animaux.
Mon avis : Delia Owens est devenue une auteure mondialement célèbre à l’âge de 70 ans.
Son premier (!) roman, Là où chantent les écrevisses, s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Et – chose étonnante (car ce n’est pas toujours le cas) – ce succès commercial dont je parle par ailleurs sur le site était tout à fait justifié, car ce roman, une ode romantique à la nature, était une pure réussite de nature writing !
C’est grâce à ce succès phénoménal que les éditeurs ont décidé de ressortir Le cri du Kalahari, tout à la fois un livre de souvenirs et un essai ethnologique, publié il y a 35 ans, en 1986.
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Mémoires – Errol Flynn
Tempus – 574 pages – 11.00 €
Le pitch : Figure légendaire de l’Âge d’or d’Hollywood, Errol Flynn fut surtout un acteur incontrôlable, scandaleux et charismatique, très éloigné des vedettes lisses et calibrées des temps modernes. Un homme politiquement incorrect, dont les confessions peuvent aujourd’hui faire rire… ou choquer.
À l’écran, sa beauté et son dynamisme firent de lui un habitué des rôles héroïques : Capitaine Blood (1935), Les Aventures de Robin des Bois (1938), L’Aigle des mers (1940), La Charge fantastique (1941)… Mais chaque décor a son envers – certains plus sombres que les autres. Dans ses Mémoires posthumes, parus un an après sa mort, Flynn révélait tout de sa vie d’aventurier des mers, de ses conquêtes, de ses mensonges, de ses pitreries, de son alcoolisme Plus qu’aucun autre acteur de sa génération, il incarne l’ambivalence du mythe hollywoodien : la célébrité, le luxe, et l’envers du décor, machiste, violent, consumé par les excès.
Mon avis : Pour la majorité des cinéphiles, Errol Flynn est aujourd’hui un nom qui évoque… pas grand chose. Car la majorité des films qui ont fait sa gloire – rien que des longs métrages en noir et blanc – et qui sont restés dans l’histoire du cinéma, ont été tournés entre 1935 et 1942 : un sacré bail !
Et pourtant… Flynn fut, durant plus d’une décennie, la plus grande gloire mondiale du cinéma d’aventure. Pirate, justicier, bretteur, chevalier sans peur et sans reproche, sa haute silhouette et ses capacités de cascadeur fascinaient les foules.
Les hommes… et surtout les femmes ! Car l’acteur australien fut, avant tout, le plus grand séducteur que l’Hollywood de la grande époque ait et aura jamais connu.
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Deux années sur le gaillard d’avant – Richard H. Dana
Payot – 640 pages – 12.00 €
Le pitch : A dix-neuf ans, Richard Henry Dana, alors étudiant à Harvard, décide de changer de vie. Il s’engage comme simple matelot sur un voilier de commerce à destination de la Californie pour un voyage de deux ans, en passant par le cap Horn. Deux années sur le gaillard d’avant développe certains des thèmes majeurs qui inspireront Herman Melville : le voyage initiatique, la lutte contre les éléments, l’ambiguïté de la vie primitive et sa trompeuse innocence.
Souvent considéré comme le plus beau livre de mer, il a valu à son auteur, dès sa parution en 1840, une célébrité prodigieuse, égale à celle de Dickens, qui l’a installé comme l’un des grands classiques de la littérature américaine du XIXe siècle.
Mon avis : Une ou deux fois par an, j’ai un coup de cœur absolu pour un livre. La plupart du temps, un roman; mais pas toujours : la preuve avec Deux années sur le gaillard d’avant.
Car bien que ce récit soit aussi passionnant que le plus accrocheur des romans d’aventures, ce très épais volume dont on fêtera dans quelques années le bicentenaire de la parution (!), est bien un essai.
Et pas n’importe quel essai : le plus extraordinaire, le plus complet et le mieux écrit de tous les récits consacrés à la mer, au voyage. Un récit d’apprentissage et un témoignage unique sur une multitude de sujets.
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Mémoires de guerre – Winston Churchill
Editions Taillandier – 688 + 796 pages – 2*12.90 €*
Le Pitch : En 1936, lors d’un débat houleux aux Communes, le député Churchill lançait à Stanley Baldwin : « L’Histoire dira que vous avez eu tort… Et si j’en suis certain, c’est parce que c’est moi qui l’écrirai ! »
Parole tenue : voici une traduction aussi fidèle que possible des Mémoires de guerre du célèbre Premier ministre et prix Nobel de littérature Winston Churchill. Elle est complétée par des commentaires destinés à corriger les omissions, exagérations, approximations et improvisations inévitables chez tout homme d’exception ayant entrepris de faire l’histoire et de l’écrire à la fois.
Mon avis : Lorsqu’on a rassemblé suffisamment de courage pour entamer la lecture des deux énormes volumes (plus de 1 600 pages d’une grande densité !) qui composent la dernière édition, aux éditions Taillandier, des mémoires de guerre (la seconde) de Winston Churchill, impossible de ne pas faire la parallèle avec les Mémoires de guerre de Charles de Gaulle…
Et pourtant, à la lecture de ces deux monuments de la littérature du XX° siècle, il faut bien constater que presque tout les sépare, à l’exception du sujet, ainsi que la volonté identique des deux hommes d’état de combattre, coûte que coûte, le mal pour sauver leur patrie, une notion qu’ils appréhendent d’une manière quasiment identique.
La BD
Le loup des mers – Riff Reb’s
d’après le roman de Jack London
Noctambule – 136 pages – 17.95 €
Le pitch : Après un naufrage, Humphrey Van Weyden, un gentleman fluet, est recueilli puis enrôlé de force comme mousse par Loup Larsen, un terrifiant capitaine de goélette, buveur, violent mais très cultivé.Ce capitaine, athée, éprouve peu à peu une sorte d’estime teintée de mépris pour Humphrey, à l’inverse, très religieux : « si vous savez que quand vous mourrez, vous irez dans un monde meilleur, alors, pourquoi avez-vous peur de mourir ? »
Ainsi naissent les premières joutes verbales – pleines d’humour et d’esprit – qui rythment ce passionnant récit d’aventure, et qui redoubleront à l’arrivée d’une jeune femme, un futur enjeu pour ces deux hommes. Intelligente, brillante et moderne, une adaptation d’envergure de l’un des chefs-d’œuvre du roman d’aventure !
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Mon avis : Rien de plus difficile que d’adapter un grand roman en BD. Nombre d’excellents auteurs s’y sont cassé la plume et le pinceau, et par charité je ne donnerais pas d’exemples ici aujourd’hui !
C’est donc à chaque fois une heureuse surprise et un grand plaisir quand un chef-d’œuvre romanesque donne un chef-d’œuvre de BD. C’est le cas, sans le moindre doute, avec Le loup des mers de Jack London, devenu Le loup des mers de Riff Reb’s.
Riff Reb’s a deux passions : la mer, et Jack London, qui ont chacun inspiré plusieurs de ses créations. C’est donc tout naturellement qu’il s’est emparé du Loup des mers, merveille d’aventures maritimes de Jack london.
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Il faut flinguer Ramirez (2 tomes) – Nicolas Petrimaux
Glénat Comics – 2*144 pages – 2*19.95 €
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The boys – Garth Ennis & Dave Robertson
Panini comics – 6*350 pages – 6*24.00 €
Le pitch : Les Sept sont la plus grande équipe de super-héros du monde. Ils protègent les habitants des pires menaces… enfin, en principe.
En réalité, le groupe est un ramassis de crapules sadiques aux ordres d’une méga-corporation. Mais une équipe de la C.I.A. est formée pour les surveiller et parfois régler les problèmes d’une façon radicale. Billy Butcher et ses hommes – P’tit Hughie, la Crème, le Français et la Fille – les ont à l’oeil et sont prêts à intervenir violemment quand les super-héros dépassent les bornes.
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Mon avis : Vous aimez les comics trash ? Les histoires de super-héros bien sanglantes, caustiques, cashs, déconnantes, scatos, sexos, choquantes ? Si c’est le cas, vous devez être fans de Deadpool, Kick-Ass, Sin City, The Spawn, Wanted, sans parler du Preacher, bien entendu, et je pourrais ajouter Kingsman et Jupiter’s Legacy. Mais tant que vous n’avez pas lu The boys, vous n’avez rien lu !
The boys, c’est une immense série de 72 épisodes répartis en 21 chapitres, eux-mêmes regroupés en une intégrale de 6 énormes volumes de 350 planches chacun. Plus de 2 000 planches, donc, d’une histoire ahurissante absolument bourrée de dialogues, au point qu’il vous faudra sans doute une bonne semaine, à raison de trois heures par jour, pour arriver au bout !
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