Le pitch

Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l’Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège, où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d’amitié et font leur scolarité ensemble jusqu’à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis.

Son premier crime a lieu à l’été 1978, tout juste deux mois après la fin de leur année de terminale. Il sera suivi d’une série de seize meurtres commis entre 1987 et 1991. Arrêté en 1991, puis condamné à 957 ans de prison, Dahmer finira assassiné dans sa cellule en 1994. Mon Ami Dahmer est donc l’histoire de la jeunesse de ce tueur, à travers les yeux de l’un de ses camarades de classe.

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Mon avis

On a énormément parlé de Jeffrey Dahmer au cours du dernier trimestre 2022.

Une raison très simple : la série produite et diffusée par Netflix sur ce personnage pour le moins effrayant a explosé les compteurs de vues, mais aussi ceux des commentaires, beaucoup des spectateurs la considérant comme une des plus terrifiantes de l'histoire.

Il faut dire que Dahmer restera comme un des tueurs en série les plus marquants de l'histoire américaine des faits divers, qui en a pourtant enregistré une sacrée tapée !

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Mais bien avant cette série, ce criminel avait déjà inspiré d'autres récits.

Le plus célèbre est sans doute celui de Derf Backderf qui, avec ce roman graphique, a probablement créé un nouveau genre : la biographie "embarquée" !

Il faut dire que le contexte de création du livre est pour le moins exceptionnel : un auteur qui raconte en détail les années qu'il a vécu avec le tueur en série... avant celui-ci ne se lance dans sa litanie sanglante !

Mon ami Dahmer, c'est un peu comme si un psychanalyste avait accompagné préventivement l'adolescent qu'était alors Dahmer, l'observant et l'analysant a priori pour identifier les facteurs qui, dans son enfance, ont poussé le futur criminel vers la folie...

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Quand on y pense... passer son adolescence au côté d'un garçon qui se révélera être, une poignée d'années plus tard, un psychopathe meurtrier de la pire espèce, il y a de quoi se remettre en question sur la notion de destin et de normalité, non ?

Derf Backderf est parvenu à son récit particulièrement signifiant pour le lecteur parce qu'il a choisi la simplicité.

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Raconter, dans l'ordre purement chronologique, "leurs" années de lycée.

Décrire ainsi les "symptômes", les signes annonciateurs qui auraient pu - auraient du ? - alerter son entourage, avant qu'il ne sombre définitivement dans la folie.

Pas grand chose, en fait, si l'on prend les symptômes un par un. Une grande solitude. Des parents absents. Des tics, des troubles psychomoteurs. Un alcoolisme précoce.

Mais si on les additionne, cela aurait dû faire tilt, déboucher au minimum sur la prise en charge par un psychologue.

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Mon ami Dahmer a été publié en format comics, en noir et blanc, avec un gaufrier irrégulier, en général 4 ou 5 vignettes par planche.

Le dessin de l'auteur est rugueux, semi-réaliste, à la Mad, si vous voyez ce que je veux dire...

L'ensemble est indiscutablement une réussite, puisqu'on sort de cette lecture en se demandant, vraiment, quelles sont les limites de la normalité, les frontières de la monstruosité.