Le pitch

Mai 1958. Alger s'embrase contre un nouveau gouvernement qui, à Paris, semble prêt à dialoguer avec les indépendantistes. Des milliers de colons se soulèvent, obligeant l’armée et ses généraux à choisir leur camp : rester loyaux à l’état ou à l’Algérie française, dernier vestige du grand empire colonial Français. Dépassés et galvanisés par la situation, les généraux s’embarquent dans un coup d’état qui devient rapidement incontrôlable...

Et si seul un vieil homme à la retraite, le « dernier héros français », était capable d'arrêter cette machine folle et éviter une guerre civile ? Ce vaudeville politico-militaire donnera les clés du pouvoir à de Gaulle et sa Ve République... car juré-craché, « le Général » l’a promis à toutes et à tous : cette fois, il les a compris.

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Mon avis

Si l'on m'avait dit que je m'amuserai un jour  comme un petit fou en lisant un album de 140 planches dont le sujet serait le putsch d'Alger du 13 mai 1958, favorisant in fine le retour au pouvoir du Général de Gaulle et la création de la V° république, j'aurais probablement haussé les épaules.

Si l'on avait ajouté que j'en profiterai pour réviser et compléter de manière éminemment didactique mes connaissances sur la tentative de coup d'état des généraux Salan, Massu et cie, ainsi que sur la naissance de la V° république, j'aurais certainement pris mon interlocuteur pour un gros bouffon (bouffon !).*

Et pourtant, c'est bien ce qu'il vient de m'arriver : en dévorant le long one shot écrit par Nicolas Juncker et dessiné par François Boucq, j'ai rigolé à de multiples reprises, tout en apprenant, mieux qu'à l'école, tout, tout, tout sur la période !

Un petit miracle, donc, que cette initiative de deux grands de la BD française !

Un album de très grandes dimensions (24.3 * 32 cm) que je n'aurais probablement pas ouvert s'il n'y avait eu cette couverture de Boucq, une galerie de carricatures de généraux, dominée par la silhouette immense et dramatique de De Gaulle.

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Deux excellentes raisons d'acheter cette BD, qui comporte en finale un cahier dense de six planches qui fait le point sur la réalité historique.

La première c'est la manière très intelligente dont Nicolas Junker utilise la matière historique pour en faire une sorte de roman d'aventures graphique qui se dévore comme une série ARTE.

Le putsch d'Alger aurait pu se terminer par la mainmise d'une dictature "franquiste" sur la France et/ou sur un drame humain, entrainant la mort de milliers 'innocents.

Heureusement, - et c'est comme cela que le présente Junker avec un humour sympathique - l'incompétence foncière, souvent à la limite du grotesque, des insurgés, mais aussi du pouvoir en place en métropole, a transformé l'affaire en une incroyable pantalonnade !

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La seconde, ce sont les graphismes de François Boucq.

J'avoue ne pas être un fan absolu de la première période de sa carrière, orientée humour, avec ses collaborations à Fluide glacial et A suivre. Son dessin, qui transformait en carricatures ridicules la plupart de ses personnages, me paraissait un peu too much.

Par contre, avec l'incroyable série western Bouncer, scénarisée par Jodorowsky (voir par ailleurs sur le site) et sa conversion au dessin réaliste, il opérait un retournement salutaire très impressionnant.

Avec ce nouvel album, on pourra dire que Boucq n'aura cessé de progresser toute sa carrière : ce one shot est incroyablement bien dessiné, non d'une corne de zébu (j'en profite pour vous rappeler que le zébu a des cornes tout simplement incroyables) !

Regardez l'incroyable expressivité des visages des principaux protagonistes : c'est tout simplement étonnant, hilarant et, qui plus est, formidablement crobardé à l'image des vrais personnages historiques !

Observez aussi  la dynamique du trait et le découpage des scènes, qui donne l'impression au lecteur d'entrer littéralement dans un film. Juste parfait !