Le pitch

Devenus depuis plus de dix ans le théâtre d'une guerre fratricide entre l'armée, les natifs américains et une milice de néonazis gays, les États-Unis n'ont plus d'unis que le nom.

Dans ce monde à la dérive émerge Martha Washington, jeune femme qui va s'élever à la seule force de son courage et de sa détermination pour, au final, devenir le symbole qui empêchera le monde de s'autodétruire.

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Mon avis

Publié dans un premier temps en quatre tomes, en 1990, Liberty (titre original) est devenu, dix ans plus tard, Martha Washington.

La présente intégrale regroupe ces quatre tomes en un très gros volume de plus de 200 planches qui vous occupera pendant quelques heures, pour un prix tout à fait modeste (19.90 €).*

Le duo de créateurs qui a travaillé sur ce comics de SF hard boiled n'est plus à présenter; mais je le ferai quand même !

Frank Miller, c'est le génial scénariste (et parfois aussi dessinateur) des séries légendaires Sin City, 300, The dark knight returns, mais aussi celui des films Robocop 2 et 3. Que du lourd, que de la SF bien, bien noir et plutôt pessimiste sur l'avenir de notre pauvre humanité.

Dave Gibbons, c'est tout simplement le dessinateur du chef-d'œuvre absolu réalisé avec Alan Moore, The watchmen.

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Avec deux talents pareils, on était en droit d'attendre beaucoup de leur production conjointe.

Et si Martha Washington se situe un tout petit cran en dessous des titres que je viens de citer, l'album mérite tout de même de figurer dans le top 20 du comics SF anglo-saxon.

Lorsque j'ai lu les albums, lors de leur sortie, j'avais pris en pleine figure la violence du propos développé par Miller.

Dans Martha Washington, cela ne rigole pas, nom d'un chien !

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Dans une Amérique futuriste qui dérive complètement entre dictature d'extrême droite et tyrannie de gauche, secouée violemment par les tendances sécessionistes de quasiment tous les états fédérés, mais aussi du groupe ethnique constitué par les amérindiens, on a l'impression de visionner l'Amérique contemporaine, telle qu'elle pourrait se trouver dans 50 ans si elle continue à dériver...

Bien que créée il y a plus de 30 ans, Martha Washington est une héroïne on ne peut plus moderne : une femme, noire, orpheline, manipulée par l'état fédéral pour devenir une machine de guerre, elle est l'incarnation même de la résilience.

Frank Miller n'y va pas avec le dos de la cuillère, vous l'avez compris, c'est là le moindre défaut de l'album, qui manque parfois d'un soupçon de subtilité dans le déroulé de l'histoire.

Mais la mise en scène du drame est brillante, avec de multiples insertions dans le récit d'artefacts divers, comme des coupures et des couvertures de journaux, des cartes, des copies d'articles, et un découpage hyper dynamique qui explore toutes les possibilités de gaufrier, du split screen jusqu'à des dessins pleine page, le tout sans bordure.

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Quant au dessin de Dave Gibbons, c'est celui de Watchmen : hyper réaliste, il peut fasciner ou déranger; pour ma part, j'adore !

Reste le principal défaut de l'album : la mise en couleurs de Robin Smith, qui fait mal aux yeux tant il abuse des couleurs criardes.

Un album indispensable, pour faire le tour des grands comics des années 90.

(*) Plus tard, Frank Miller et Dave Gibbons poursuivront les aventures de Martha Washington, en une série qui fera l'objet de deux autres volumes.